The Project Gutenberg EBook of La Jérusalem médiévale, by Marie Lebert This eBook is for the use of anyone anywhere at no cost and with almost no restrictions whatsoever. You may copy it, give it away or re-use it under the terms of the Project Gutenberg License included with this eBook or online at www.gutenberg.org ** This is a COPYRIGHTED Project Gutenberg eBook, Details Below ** ** Please follow the copyright guidelines in this file. ** Title: La Jérusalem médiévale Author: Marie Lebert Release Date: October 30, 2008 [EBook #27042] Language: French Character set encoding: UTF-8 *** START OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA JÉRUSALEM MÉDIÉVALE *** Produced by Al Haines LA JERUSALEM MEDIEVALE MARIE LEBERT NEF, University of Toronto, 2006 Copyright © 2006 Marie Lebert Une étude rédigée sans parti pris, en accordant une large place aux diverses communautés (chrétienne, juive et musulmane) et à leurs historiens. Avec des photos de Marie-Joseph Pierre. La version originale est disponible sur le NEF: http://www.etudes-francaises.net/jerusalem/ TABLE 1. Introduction 2. Histoire de Jérusalem au Moyen-Age 3. L’architecture musulmane 4. L’architecture croisée civile 5. L’architecture croisée religieuse 6. L’architecture ayyubide 7. L’architecture mamelouke 8. Premiers albums de photographies 9. Bibliographie 10. Index 1. INTRODUCTION Dessinée en 1581, cette carte de Heinrich Buenting [1] représente Jérusalem au centre du monde, point de convergence de trois continents: l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Depuis de nombreux siècles, la ville est aussi la ville sainte de trois grandes religions: le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam. L’époque médiévale est marquée par des luttes acharnées entre Juifs, Chrétiens et Musulmans. Batailles immenses ou combats de quelques centaines d’hommes, sièges, prises de villes, représailles, règlements de comptes, on ne compte pas les manifestations de fanatisme et de cruauté sanguinaire. Sous la dynastie fatimide, le calife Al-Hakim, dit le “calife fou”, massacre tous les Juifs et Chrétiens de Jérusalem, et détruit les synagogues et les églises. La prise de Jérusalem par les Croisés le 15 juillet 1099 est suivie du massacre des Musulmans et des Juifs. La ville est pillée et incendiée. Les Juifs et Musulmans ayant survécu sont vendus comme esclaves en Europe. En 1244, débarquant d’Asie centrale, des hordes de Tartares pillent Jérusalem, massacrent les Chrétiens et dévastent le Saint-Sépulcre. Trois exemples parmi tant d’autres. Parfois, pour peu de temps, certaines périodes sont marquées par la compréhension, la tolérance religieuse et la liberté. Sous le calife Al-Ariz, pendant la dynastie fatimide, les Chrétiens et les Juifs jouissent d’une grande liberté. De même, à la fin du 12e siècle, Saladin reconnaît les droits de la communauté juive de Jérusalem. En Terre Sainte, l'époque médiévale se divise schématiquement en quatre grandes périodes: la période musulmane entre 640 et 1099, la période croisée entre 1099 et 1187, la période ayyubide entre 1187 et 1250, et la période mamelouke entre 1250 et 1517. Chaque période donne lieu à un foisonnement d’édifices: églises, mosquées, temples, palais, mausolées, colonnades. Certains sont incendiés, détruits, rasés, nivelés, puis construits à nouveau. Les fondations et les vestiges ayant subsisté sont parfois réutilisés. Seul le Dôme du Rocher, vénéré dans les trois religions, est épargné par ce flot de violence. Jérusalem est une ville de pierre calcaire, cette pierre blanche sur laquelle se réfracte le soleil. Les bâtiments sont souvent d’une grande beauté architecturale. Le Dôme du Rocher est le joyau de la ville, une image de Jérusalem transportée aux quatre coins du monde. L’église croisée Sainte-Anne est un chef-d’oeuvre d’art roman, de par la pureté de ses lignes, et la plus belle église de la Vieille Ville. Les chapiteaux sculptés, les archivoltes et les linteaux du Saint-Sépulcre sont de véritables merveilles. L’orientaliste suisse Max van Berchem fait son premier séjour à Jérusalem à l’âge de 23 ans. Le 29 mars 1888, il écrit à sa mère pour lui donner ses impressions. “J’ai vu des choses plus belles, mais rien d’aussi saisissant. Ces rues étroites, tortueuses, montantes, ces maisons tout en pierres déguenillées, pleines de recoins pittoresques, enjambant les rues dans les arcades sombres, ce mélange de tous les styles, de tous les temps, des souvenirs juifs, grecs, romains, chrétiens, musulmans, les églises du moyen âge à côté de la mosquée, tout cela enserré dans une grande muraille en pierres, perché sur une montagne entre deux ravins profonds, avec des arrière-plans de montagnes bleues, un ciel d’Italie et un soleil d’Orient. Dans les rues on coudoie toutes les nations, des gens venus de tous les coins du monde, réunis ici dans une même pensée religieuse, mais séparés par les moeurs et les idées; rien ne peut rendre cette impression…” Et il ajoute en post-scriptum: “A chaque pas on rencontre un endroit consacré par la légende et numéroté comme dans un catalogue… Puis on retrouve avec une certaine émotion tous ces noms de la Bible qu’on connaît depuis son enfance...” [2] Max van Berchem est venu pour photographier la ville. Depuis le milieu du 19è siècle, la photo supplante le croquis, le dessin, la gravure ou l'estampe, ou plutôt les relaie pour devenir elle aussi document d'architecture. Comme l'écrit Auguste Salzmann, autre photographe de Jérusalem, dans la préface de son livre, "les photographies ne sont plus des récits, mais bien des faits dotés d'une brutalité concluante..." [3] Un avis partagé par Horace Vernet, Maxime du Camp, Louis Félicien de Saulcy, Francis Frith, Félix Bonfils et bien d'autres, dont les albums de photos envahissent peu à peu les librairies pour faire connaître la Ville Blanche à d'autres cultures. = Notes [1] Itinerarium Sacrae Scripturae. Helmstadt, 1581. Cliquer sur la carte pour la voir en grand format. [2] Gautier-van Berchem (Marguerite) et Ory (Suzanne). La Jérusalem musulmane. Lausanne, éditions des Trois Continents, 1978, p. 18-19. [3] Salzmann (Auguste). Jérusalem. Etude et reproductions photographiques de la Ville Sainte... Paris, Gide & Baudry, 1856. Préface datée de juin 1854. 2. HISTOIRE DE JERUSALEM AU MOYEN-AGE [La période musulmane (638-1099) / La période croisée (1099-1187) / La période ayyubide (1187-1250) / La période mamelouke (1250-1517) / Notes / Chronologie médiévale] Les grands monuments de l'époque ont vu le jour à une époque marquée par des conflits brutaux et des violences de toutes sortes. Dissocier histoire et architecture n'aurait pas grand sens. Très schématiquement, l'histoire médiévale de Jérusalem se répartit en quatre grandes périodes: la période musulmane (638-1099), la période croisée (1099-1187), la période ayyubide (1187-1250) et la période mamelouke (1250-1517). = La période musulmane (638-1099) Jérusalem est conquise par les Byzantins en 629. Sous leur férule depuis 324, la ville a échappé à leur contrôle pendant quinze ans après la conquête perse de 614. Divisé par des intrigues internes et saigné à blanc suite à la lutte contre les Perses, l’empire byzantin ne peut offrir de résistance à la cavalerie qui, enflammée par une foi nouvelle, traverse le désert d’Arabie. Suite aux enseignements de Mahomet, les Musulmans décident de reconquérir Jérusalem. Lorsqu’il meurt en 632, ses armées sont déjà en route pour la Palestine. En décembre 634, les troupes musulmanes campent autour de Bethléem, et coupent Bethléem de Jérusalem, empêchant ainsi les Chrétiens de se rendre sur le lieu de naissance du Christ pour célébrer la liturgie de la veille de Noël. Dans son sermon de veille de Noël à Jérusalem, le patriarche Sophronius exprime à la fois ses regrets sur l’impossibilité de se rendre à Bethléem et ses craintes à l’égard de ces “Sarrazins” porteurs d’une religion nouvelle [1]. Le 20 août 636, la bataille de Yarmuk sonne le glas de la Palestine. Jérusalem est sans doute prise en 638, sans effusion de sang. Appelée Aelia dans les récits musulmans de l’époque, la ville n’est pas pour eux un point stratégique dans l’avance des armées. Il n’existe pas de récits de témoins directs. Un récit de cette prise est donné par deux historiens contemporains, Baladhuri et Ya’qubi, et repris ensuite par l’historien musulman Tabari, mort en 923 [2]. Voici le récit de Ya’qubi: "Omar vint dans la région de Damas, puis il arriva à la Ville Sainte, la prit sans bataille et envoya aux habitants le message suivant: 'Au nom de Dieu, charitable et miséricordieux. Voici un écrit d’Omar ibn al-Khattab aux habitants de la Ville Sainte. Il vous garantit que votre vie, vos biens et vos églises ne seront jamais pris ni détruits, aussi longtemps que votre attitude ne sera pas à blâmer.' Ceci fut confirmé par des témoins." L’invasion musulmane favorise le retour des Juifs et met fin aux tourments que leur infligent les Chrétiens. Omar garantit bien la liberté individuelle et religieuse aux Chrétiens et aux Juifs. Les Juifs ont amorcé leur retour dans la ville pendant le court règne perse, à la fin de la période byzantine. Après 638, les interdits les frappant sont abolis. Ils sont officiellement autorisés à se réinstaller à Jérusalem pour la première fois depuis 135, et à vivre à nouveau à l’intérieur de la ville [3]. Le calife Omar demande aux Juifs où ils veulent s’installer. Ils décident d’avoir leur quartier au sud de la ville, à côté du site du Temple et près des piscines de Siloam, qu’ils peuvent utiliser pour leur bain rituel. La communauté juive construit des synagogues et des centres d’étude. En 661, il existe une synagogue située sur le Mont du Temple. Les Juifs ont toute liberté et bénéficient de l’aide des Musulmans. Ils projettent de reconstruire le Temple de Salomon à l’endroit appelé le Saint des Saints. Omar proclame la colline du Temple lieu de prière. Dans la tradition de l’Islam, Jérusalem est la ville où Mahomet, dans sa vision nocturne, est transporté sur son légendaire coursier. Et son ascension au Ciel aurait eu lieu à partir du site du Temple juif. Jérusalem est également reconnue comme Ville Sainte par l'Islam, puisque consacrée par les deux religions prenant racine dans la Bible - le Judaïsme et le Christianisme - considérées par les Musulmans comme précédant l’Islam. Cependant la Ville Sainte n’est qu’une ville de province, dans un royaume dont les capitales sont successivement Damas, Bagdad, Le Caire ou Constantinople. Trois dynasties se succèdent: le dynastie ommeyade, la dynastie abbasside et la dynastie fatimide. = = La dynastie ommeyade (650-750) Sous la dynastie omeyyade, Israël devient une province du vaste empire musulman. Jérusalem n’est ni capitale ni centre culturel. Abd al-Malik fait bâtir le Dôme du Rocher en 691 et 692. Son fils Al-Walid fait construire la mosquée al-Aksa entre 705 et 715. Le nombre d’habitants de Jérusalem, qui était de quatre-vingt mille pendant la période byzantine, décroît énormément. La capitale devient Emmaüs. Plus tard, à cause d’une épidémie de peste, Suliman, le deuxième fils d’Abd al-Malik, désigne Ramleh comme capitale provinciale et centre commercial. Sous le califat omeyyade, les conversions à l’Islam augmentent. Juifs et Chrétiens sont cependant tolérés, et la gestion de leurs affaires communautaires leur est laissée. La communauté chrétienne souffre de dissensions internes, dues aux conflits entre l’Eglise orientale et l’Eglise occidentale. = = La dynastie abbasside (750-969) Sous la dynastie abbasside, la capitale musulmane n’est plus Damas, mais Bagdad. L’influence de Jérusalem décroît encore. Le calife Haroun al-Rachid ne se rend jamais à Jérusalem, mais il encourage la venue des pèlerins. C’est lui qui donne à Charlemagne l’autorisation de fonder et d’entretenir des centres pour pèlerins occidentaux. La communauté juive de Jérusalem se renforce pour devenir rapidement la plus importante du pays. Le quartier juif s’étend au nord du rempart occidental, en incluant la zone située entre la Porte des Ordures au sud et la Porte de Damas au nord. Le centre spirituel juif se déplace de Tibériade à Jérusalem. Des références à la communauté religieuse juive de Jérusalem commencent à apparaître dans les documents vers 800. Un des premiers documents est le récit du rabin Ahima’as, un Italien venu en pèlerinage à Jérusalem: “A cette époque, il y avait un Juif nommé Rabbi Ahima’as qui monta trois fois avec ses offrandes à Jérusalem, la cité glorieuse. Chaque fois qu’il vint, il prit avec lui cent pièces d’or, ainsi qu’il en avait fait le voeu devant le Rocher du Salut, pour aider ceux qui se consacraient à l’étude de la Torah, et pour ceux qui pleuraient la Maison ruinée de sa Gloire.” [4] En 878, Jérusalem passe sous le contrôle du royaume d’Ahmed ibn-Touloun, installé au Caire. = = La dynastie fatimide (969-1071) A partir de 969, les califes fatimides gouvernent Jérusalem depuis l’Egypte. Sous la dynastie fatimide, le calife Al-Ariz, qui gouverne entre 976 et 996, laisse une grande liberté aux Chrétiens et aux Juifs. La Jérusalem du 10e siècle semble d’ailleurs dominée par les Juifs et les Chrétiens, comme le montre le récit du voyageur et géographe musulman al-Muqaddasi, lui-même natif de Jérusalem: “Dans cette province de Syrie aussi les fabricants de monnaie, teinturiers, banquiers et tanneurs sont juifs pour la plupart, alors qu’il est très commun que les physiciens et les scribes soient chrétiens.” [5] Il ajoute: “Bayt al-Maqdis (la Maison Sainte, ndlr) est connue aussi sous le nom d’Iliya (Aelia, ndlr) et d’al-Balat (le Palais, ndlr). Aucune ville de province n’est plus grande que Jérusalem, et de nombreuses capitales sont en fait plus petites... Les bâtiments de la Ville Sainte sont en pierre, et nulle part ailleurs vous ne trouverez de constructions plus belles et plus solides. Et nulle part ailleurs vous ne rencontrerez de gens plus chastes. La nourriture est excellente ici. Les marchés sont propres, la mosquée est parmi les plus grandes, et nulle part les lieux saints ne sont plus nombreux qu’ici... A Jérusalem on trouve toutes sortes d’hommes cultivés et de docteurs, et pour cette raison le coeur de chaque homme intelligent est tourné vers elle. Tout au long de l’année, ses rues ne sont jamais vides d’étrangers.” L’accès des Juifs au Mont du Temple semble toutefois sujet à controverse. Selon Salman Ben Yeruham, écrivain karaïte des années 950, l’accès du Haram semble interdit aux Juifs. Mais, à partir de 970, les Fatimides autorisent les Juifs à prier dans un endroit déterminé du Mont [6]. C’est la plus grande époque de Jérusalem sous la férule musulmane. La ville a trente mille habitants, une superficie d’un kilomètre carré et des remparts de quatre kilomètres de long. La période de prospérité de Jérusalem se termine avec le successeur d’Al-Ariz, Al-Hakim, calife de 996 à 1021. Appelé le “calife fou”, il persécute sauvagement les Chrétiens et interdit les pèlerinages. En 1010, il ordonne la destruction de toutes les synagogues et de toutes les églises, y compris le Saint-Sépulcre. Après sa mort, les pèlerinages reprennent. On reconstruit le Saint-Sépulcre et nombre d’églises. Des groupes de pèlerins viennent régulièrement d’Europe. Nasir-I Khusraw, un Perse venu visiter la ville en 1047, fait un beau portrait de Jérusalem avant l’arrivée des Croisés: “Ce fut le 5e jour du Ramadan de l’année 458 (1047 selon le calendrier chrétien, ndlr) que j’arrivai à la Ville Sainte... Jérusalem est une très grande ville, et lors de ma visite il y avait vingt mille personnes. Elle a des bazars hauts, bien construits, et propres. Toutes les rues sont pavées de dalles de pierre. Et, aux endroits où la pierre était plus haute, ils l’ont coupée pour la mettre à niveau, si bien que, dès que la pluie tombe, la place se trouve lavée et propre. Il existe de nombreux artisans dans la ville, et chaque corps de métier a son propre bazar.” [7] Les pèlerinages chrétiens sont nombreux. En 1065, douze mille pèlerins chrétiens arrivent d’Allemagne du Sud et de Hollande. Selon le rapport du rabbin Shlomo ben Yehuda, qui est à la tête de la Yeshivah de Jérusalem, on compte aussi des pèlerinags juifs. Les Juifs prient dans les synagogues du Mont des Oliviers, et se prosternent en formant un demi-cercle devant les remparts et les portes de la ville. Après avoir investi les régions montagneuses du pays, les Turcs séleucides s’emparent de la ville en 1071, et la gardent sous leur férule pendant vingt-huit ans. Ils pillent la Ville Sainte, persécutent les Chrétiens et les Juifs, et interdisent les pèlerinages. Cette occupation aggrave les dissensions avec les Chrétiens d’Europe. Dans sa ferveur religieuse, l’Europe donne son approbation enthousiaste au pape Urbain II quand, au Concile de Clermont de novembre 1095, il appelle à une croisade pour libérer les Lieux Saints. Dans son discours, il s’inquiète des rançons constantes dont les Chrétiens font l’objet. S’ils refusent de donner leur argent, ce sont leurs bagages et leurs vêtements qui sont fouillés de fond en comble, y compris les coutures des vêtements. Parfois les rançonneurs, pour plus de sécurité, vont jusqu’à fouiller les intestins pour voir si les pièces n’ont pas été avalées. [8] Dans ses écrits, Guillaume de Tyr décrit la situation des Chrétiens: la persécution par Al-Hakim, la destruction de l’église du Saint-Sépulcre, la demande puis l’autorisation de la reconstruire, les vexations continuelles infligées aux pèlerins venant dans la Ville Sainte. D’après lui, c’est cette dernière mesure qui est la cause essentielle des Croisades. [9] A l’époque précédant l’arrivée des Croisés, les Chrétiens sont formés de Grecs, d’Arméniens, de Coptes égyptiens, de Jacobites syriens et, de plus en plus, de Latins d’Europe. Les Fatimides reviennent au pouvoir en 1098, juste à temps pour défendre Jérusalem contre les troupes de la première Croisade. = La période croisée (1099-1187) Les Croisades sont une série d’expéditions militaires qui, entre 1099 et 1291, établissent et maintiennent une présence chrétienne européenne en Terre Sainte. Les Croisées étant à la fois des administrateurs et des chroniqueurs, pratiquement toute la documentation sur les aspects si différents de leur vie est arrivée jusqu’à nous [10]. Les hommes de la première Croisade prennent Jérusalem le 15 juillet 1099. Vers midi, ils font une brèche dans le mur nord, près de la Porte d’Hérode. Ils sont quinze mille. Avec un fanatisme incroyable, ils commencent par massacrer Musulmans et Juifs. Ils pillent aussi la ville. Ils incendient de nombreux quartiers et détruisent les maisons, les mosquées et les synagogues. Ils tuent notamment tous les Musulmans réfugiés dans la mosquée al-Aksa. Un témoin de la prise de Jérusalem raconte que la ville est pleine de cadavres et de sang. Dans les rues s’amoncellent des piles de têtes, de mains et de pieds. Dans le Temple de Salomon, autrement dit la mosquée al-Aksa, les cavaliers ont du sang jusqu’aux genoux et jusqu’aux rênes des chevaux [11]. Guillaume de Tyr, qui n’était pas présent, mais dont le récit émane de témoins directs, écrit lui aussi que les Croisés ont du sang des pieds à la tête et que, sur le seul Mont du Temple, dix mille "infidèles" périssent. Toutes les maisons sont méthodiquement dévastées et pillées. [12] Le chiffre de la population est éloquent. De trente mille avant la conquête croisée, il passe à trois mille après la conquête, nombre qui inclut aussi les Chrétiens syriens que le roi Baudouin a amenés à Jérusalem. Une ordonnance des Croisés interdit tout établissement juif ou musulman à Jérusalem. En vue de renforcer le peuplement chrétien, l’ancien quartier juif est remis à des tribus chrétiennes de Transjordanie. Afin d’encourager leur implantation dans la ville, ils n’ont pas de taxes à payer. Godefroi de Bouillon est nommé chef. Les deux premiers chefs chrétiens de Jérusalem sont Godefroi de Bouillon et son frère Baudouin. Godefroi de Bouillon refuse la couronne de Jérusalem. Il ne veut pas porter une couronne d’or sur le lieu où le Christ a porté une couronne d’épines. Il accepte seulement les titres de baron et de protecteur du Saint-Sépulcre. Baudouin, lui, est roi de Jérusalem avec tous les privilèges attribués à cette charge. A la même date, Tancrède, un Normand de Sicile, fait la conquête du premier territoire, la Galilée." La Jérusalem de cette époque est décrite par Guillaume de Tyr, Foucher de Chartres et l’Igoumène Daniel, voyageur russe. Voici le récit de ce dernier: “Jérusalem est une grande ville, protégée par des remparts très solides, et construite en forme de carré dont les quatre côtés sont d’égale longueur. Elle est entourée de nombre de vallées arides et de montagnes rocheuses. L’eau est complètement absente de cet endroit. On ne trouve ni rivière, ni puits, ni source près de Jérusalem, à l’exception de la piscine de Siloam. Les habitants de la ville et le bétail ne peuvent disposer que d'eau de pluie. Malgré cela, le grain pousse bien dans ce pays rocheux qui manque de pluie. On sème une mesure et on en récolte quatre-vingt-dix à cent. La bénédiction de Dieu ne repose-t-elle pas sur ce saint pays? Dans les environs de Jérusalem on trouve en nombre des vignes et des arbres fruitiers: figuiers, sycomores, oliviers, caroubiers, et un nombre infini d’autres arbres.” [13] Les fondations du Royaume Latin sont établies par Baudouin I, qui règne de 1100 à 1118 et qui donne au royaume des bases solides. Entre 1101 et 1105, il rend d’abord la côte sûre. Puis, de 1106 à 1110, il fait reculer la frontière nord jusqu’à la principauté de Tripoli. En 1115 et 1116, il coupe les communications entre Damas et Le Caire en installant une ligne de forteresses sur la côte est de l’Araba, une vallée joignant la Mer Morte au Golfe d’Aqaba. Les Croisés importent en Palestine le système féodal et son administration efficace. Ils utilisent pleinement les subsides qui leur viennent d’Europe. Les châteaux, abbayes et manoirs qu'ils construisent sont entourés de terres fertiles. La deuxième Croisade apporte des renforts en 1147, avec une plus grande main-mise sur les territoires acquis. Sur place, l’armée permanente est constituée par deux grands ordres militaires, les Hospitaliers, ordre fondé en 1109, et les Templiers, ordre fondé en 1128. Ces ordres, qui ont d’abord débuté comme de petits groupes de chevaliers consacrés, deviennent des organisations immensément riches et puissantes, fournissant des unités de cavaleries hautement entraînées et qualifiées. Les Hospitaliers s’occupent aussi des pèlerins malades. Leur hôpital se trouve près de l’église du Saint-Sépulcre, dans le secteur appelé le Mauristan. Voici la description qu’en fait Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien: “Un hôpital reçoit dans plusieurs pièces une multitude énorme de malades, à la fois hommes et femmes, qui sont secourus et soignés chaque jour à très grands frais. Quand j’étais là, j’ai appris que le nombre de ces malades s’élevait à deux mille, parmi lesquels de temps à autre, au cours d’une journée et d’une nuit, cinquante étaient emportés morts à l’extérieur, alors qu’arrivaient constamment de nouveaux venus. Que puis-je dire de plus? La même maison nourrit autant de gens à l’extérieur qu’à l’intérieur, en addition à la charité sans limite quotidiennement donnée aux pauvres gens qui mendient leur pain de porte en porte et ne logent pas dans la maison, si bien que la somme de toutes les dépenses ne peut sûrement jamais être calculée, même par les responsables et les servants. En addition à toutes ces sommes dépensées pour les malades et les pauvres, la même maison entretient aussi dans ses divers châteaux de nombreux hommes entraînés à toutes sortes d’exercices militaires pour la défense de la terre des Chrétiens comme l’invasion des Sarrazins.” [14] Les Templiers assurent la sécurité du voyage des pèlerins entre la côte et la Ville Sainte. Leur quartier général est la mosquée al-Aksa, qu’ils ont transformée en église. Les débuts des Templiers sont modestes. Leur Règle leur est donnée en 1128, lors du Concile de l’Eglise à Troyes, alors qu’ils ne sont que neuf membres. Bernard de Clairvaux les soutient, de nouveaux membres affluent, et une croix rouge apparaît sur leur habit blanc. Leur richesse et leur pouvoir s’accroissent rapidement. La dépendance du royaume à leur égard est totale puisqu’ils sont chargés de la sécurité. A ce titre, leur puissance grandit au fil des années. Les deux ordres monastiques et militaires des Templiers et des Hospitaliers sont d’authentiques créations croisées. Il n’existait auparavant aucun lien entre les vocations de moine et de chevalier. Ce sont les Croisades qui sont à l’origine de l’image du moine-soldat. Les Templiers et les Hospitaliers ne sont pas sous la dépendance du roi, et l’Eglise Romaine obtient qu’ils ne soient pas non plus sous la dépendance du patriarche de Jérusalem. Ils sont directement sous la juridiction papale. En 1170, les Hospitaliers sont au nombre de quatre cents et les Templiers au nombre de trois cents [15]. Dans les cent mille personnes que la population croisée compte sur la Terre d’Israël, trente mille vivent à Jérusalem. Le centre politique et économique est cependant à Acre et non dans la Ville Sainte. Les Croisés construisent des fortifications le long des côtes de Syrie et de Palestine, notamment à Antioche, à Tyr ou à Acre, villes permettant de rejoindre directement les grands ports d’Europe. Des châteaux protègent les voies de communication majeures. Deux groupes de forteresses ont une fonction particulière: le groupe du nord protège Tyr et le groupe du sud protège Ascalon. Dans un mouvement inverse, les Musulmans maintiennent leurs capitales loin à l’intérieur des terres, au Caire, à Damas ou à Alep, pour les mettre à une distance suffisante de la mer où l’ennemi a de puissants bastions. Pendant ce temps, la concentration des institutions militaires, religieuses et administratives des Croisés et les milliers de pèlerins venus de toute l'Europe contribuent à la prospérité économique de Jérusalem. En 1149, le Saint-Sépulcre est reconstruit suivant le plan de la Croix. C’est à cette époque que de nombreuses traditions chrétiennes liées à la vie de Jésus sont établies, notamment celle de la Via Dolorosa. Des édifices musulmans sont transformés en églises, et le Dôme du Rocher est rebaptisé Temple du Seigneur par les Croisés. Entre 1166 et 1171, le Juif espagnol Benjamin de Tulède visite la Terre Sainte, et son récit est considéré comme le meilleur témoignage jamais écrit sur cette époque. “Jérusalem... est une petite ville, fortifiée par trois remparts, écrit-il. Elle est pleine de gens que les Musulmans appellent Jacobites, Syriens, Grecs, Géorgiens et Francs, et de gens de toutes langues... Jérusalem a quatre portes: la Porte d’Abraham, la Porte de David, la Porte de Sion et la Porte de Gushpat, qui est la porte de Jehosaphat, faisant face à notre ancien Temple, maintenant appelé le Templum Domini.” [16] Jérusalem “possède une teinturerie, pour laquelle les Juifs paient au roi un loyer annuel modeste, à la condition qu’excepté les Juifs aucun autre teinturier ne soit accepté à Jérusalem. Environ deux cents Juifs habitent sous la Tour de David à un coin de la ville.” [17] = La période ayyubide (1187-1250) En Egypte, le sultan ayyubide Saladin, un Kurde arménien de foi musulmane, arrive au pouvoir en 1170. Il succède au fils de Zengi comme gouverneur de Syrie et d’Egypte, et ses contemporains le considèrent comme un homme de foi. Avec Saladin pour chef, la guerre sainte musulmane vainc les armées franques le 4 juillet 1187 dans le défilé de Galilée nommé Hattîn, près du lac de Tibériade. La veille, Saladin ralentit l’avance de la colonne que constitue l’armée du Royaume latin. Le lendemain, il s’assure le succès de la bataille. Les chevaliers ont épuisé leurs réserves d’eau et ne peuvent plus se battre avec leur fougue habituelle. Saladin fait tuer tous les Templiers et tous les Hospitaliers, si bien que la principale force militaire du Royaume latin disparaît. [18] L’armée musulmane marche ensuite sur Jérusalem et s’en empare le 2 octobre 1187. Les défenseurs sont peu nombreux. Beaucoup de réfugiés venant de toute la Palestine se sont regroupés dans la ville. L’historien Imad al-Din écrit que les Francs envisagent un suicide collectif dans l’église du Saint-Sépulcre. Le chef franc Balian d’Ibelin, seigneur de Naplouse, mène les négociations avec Saladin. Balian menace de tuer les femmes et les enfants francs, les cinq mille prisonniers musulmans, les chevaux et les animaux, et menace aussi de détruire le Dôme du Rocher et Al-Aksa. Suite à ces menaces, Saladin accepte de laisser la vie sauve à ceux qui peuvent payer une rançon de dix dinars pour les hommes, cinq dinars pour les femmes et deux dinars pour les enfants. Ceux qui peuvent payer dans les quarante jours sont libres de quitter la ville avec leurs biens, pour aller à Tyr. Les quinze mille qui ne peuvent payer sont envoyés en esclavage. [19] Les Musulmans enlèvent aussitôt la croix surplombant le Dôme du Rocher, et ils fêtent leur retour dans la Ville Sainte après une absence d’un peu moins de deux cents ans. Par une coïncidence extraordinaire, ce jour se trouve être aussi l’anniversaire de l’ascension du prophète Mahomet. A leur tour, les Chrétiens se voient interdits de séjour, à l’exception des Chrétiens orientaux, qui sont chargés de l’entretien du Saint-Sépulcre et des diverses églises. Saladin autorise les Juifs à revenir dans la Vieille Ville, et reconnaît les droits de la communauté juive de Jérusalem. Le groupe le plus important est le groupe yéménite. D’autres groupes viennent d’Afrique du Nord et d’Europe. La troisième Croisade (1189-1192) voit l’apparition d’un nouvel ordre militaire, les Chevaliers teutoniques. Le Royaume latin est alors constitué de territoires situés en Galilée et autour de Jérusalem. En 1229, l’empereur d’Allemagne Frédéric II prend le pouvoir après les négociations menées avec le sultan égyptien Al-Kamil, et les Musulmans conservent le Dôme du Rocher et la mosquée al-Aksa. En effet, suite à son mariage en 1225 avec Isabelle de Brienne, prétendante au trône de Jérusalem, Frédéric II peut lui aussi prétendre à la couronne. Les négociations aboutissent au traité de Jaffa, pour un accord de dix ans qui prend effectivement fin en 1239. Ce changement de pouvoir paisible est tout à fait exceptionnel dans l’histoire de Jérusalem. [20] Pendant la première moitié du 13e siècle, une série de traités donne davantage de terres aux Croisés, notamment une partie des territoires pris par Saladin, mais cette nouvelle domination est de courte durée. Le vent tourne en faveur des Mamelouks d’Egypte qui commencent à faire des incursions en Palestine. En 1244, des hordes de Tartares arrivent dans le pays. Nomades turcs venus d’Asie centrale, ils sont à la solde d’Ayaub, sultan d’Egypte. Ils pillent Jérusalem, massacrent les Chrétiens et dévastent le Saint-Sépulcre. Les Croisés sont repoussés vers la mer. Ensuite le chef mamelouk Baybars, de 1260 à 1277, fait tomber la dynastie ayyubide de Saladin et mène une série de campagnes en prenant ville après ville et en progressant peu à peu vers la côte. Acre, la dernier bastion croisé, tombe en 1291. = La période mamelouke (1250-1517) En 1249, à la mort d’Ayaub, Jérusalem revient sous la domination de Damas pour une courte période. En 1260, une invasion mongole provoque la fuite des habitants de Jérusalem. Lorsque les Mamelouks parviennent à battre les Mongols à Ein-Harod, Jérusalem passe sous leur contrôle jusqu’à la conquête ottomane de 1516. Ramban, père de la communauté juive moderne de Jérusalem, émigre d’Espagne pour arriver à Jérusalem en 1267, à l’âge de soixante treize ans. Appelé aussi le rabbin Moshe Ben Nahman, il est exégète de la Torah et du Talmud, poète et physicien. Dans une lettre adressée à son fils, il raconte qu’il ne trouve que deux Juifs, frères et teinturiers de métier. Tous trois voient une maison en ruines avec des piliers en marbre et un beau dôme, et ils en font une synagogue. Ils font venir de Shem (Naplouse) les rouleaux de la Loi, transportés là-bas lors de l’invasion tartare. [21] Pendant les trois dernières années de la vie de Ramban, sa synagogue est le lieu de rencontre de la communauté juive, décimée depuis le massacre croisé de 1099. La communauté commence à se concentrer dans le quartier juif actuel, établi au sud-ouest du Mont du Temple, entre la Porte des Ordures et la Porte de Sion. [22] Les Mamelouks sont continuellement en lutte interne pour le pouvoir en Egypte, et ils doivent défendre la Syrie contre les hordes mongoles. Ils n’ont pas beaucoup de temps à consacrer à la Palestine, négligée par les grands courants politiques. Suite aux vols, aux pillages ou à l’exploitation des paysans, le pays fertile est laissé à l’abandon. Durant leur long règne, Jérusalem devient une ville de pèlerins et d’érudits. Elle est aussi une ville d’exilés politiques qui s’y installent après les disgrâces suivant régulièrement les changements de gouverneur. L’historien Mujir al-Din vit dans la Ville Sainte presque toute sa vie. Il fait une description de Jérusalem au 15e siècle: “Les rues principales de la ville sont ou plates ou en pente. Pour un grand nombre de constructions, vous pouvez trouver les fondations de constructions anciennes sur lesquelles les récentes ont été élevées. Ces maisons sont tellement serrées les unes contre les autres que, si elles devaient avoir la distance qu’elles ont dans la plupart des villes du monde islamique, Jérusalem occuperait plus de deux fois l’espace qu’elle occupe maintenant. La ville a de nombreuses citernes pour recevoir l’eau puisque ses ressources en eau viennent des chutes de pluie... Les bâtiments de Jérusalem sont extrêmement solides, tous faits de murs et voûtes en pierre. Les briques ne sont pas présentes dans les constructions, ni le bois dans les charpentes. Les voyageurs affirment qu’on ne trouve pas dans l’empire de bâtiments plus solides et de plus belle apparence qu’à Jérusalem.” [23] Mujir al-Din explique ensuite que, comme d’autres cités islamiques, Jérusalem est divisée en quartiers. Les neuf quartiers principaux sont le quartier maghrébin, le quartier du Sharaf appelé auparavant le quartier des Kurdes, le quartier d’Alam dénommé ensuite le quartier de la Haydarira, le quartier des habitants d’Al-Salt, le quartier juif, le quartier de la Plume, le quartier de Sion à l’intérieur des remparts, le quartier de Dawaiyya, et enfin le quartier des Banu Hârith à l’extérieur des remparts et à côté de la citadelle. [24] Les théologiens musulmans créent de nombreuses écoles religieuses, appelées madrasas. Al-Aksa et le Dôme du Rocher sont restaurés et embellis. L’architecture chrétienne décline, parce que soumise à de coûteux permis. Les non-Musulmans sont fréquemment persécutés. La société mamelouke impose le port de signes distinctifs à chaque communauté: turbans jaunes pour les Juifs, turbans rouges pour les Samaritains, turbans bleus pour les Chrétiens, turbans blancs pour les Musulmans. Des conflits ont lieu au sujet de certains sites du Mont Sion, convoités par les Chrétiens, par les Musulmans et parfois par les Juifs. Des fanatiques musulmans démolissent l’église Sainte-Marie-des-Allemands, construite à l’emplacement supposé de la maison de Marie, mère de Jésus. Et le Saint-Sépulcre est une fois de plus dévasté. Felix Fabri, frère dominicain allemand, fait deux pèlerinages en Terre Sainte, le premier en 1480 et le second en 1483. Jérusalem, "ville de destructions et de ruines", ne doit pas avoir plus de dix mille habitants. La ville est dans un grand état de désolation. De nombreux bâtiments sont détruits. Environ mille Chrétiens et un peu plus de cinq cents Juifs y vivent. Felix Fabri donne son sentiment sur la vie politique de Jérusalem: “En ce jour, les Chrétiens se préoccuperaient peu de la responsabilité des Sarrazins sur Jérusalem s’ils avaient la liberté d’entrer et de sortir du temple du sépulcre du Seigneur sans peur et sans vexations ni extorsions. De même les Sarrazins ne verraient pas d’inconvénient à ce que les Chrétiens soient les maîtres de la Ville Sainte s’ils leur rendaient leur Temple. Mais, depuis le désaccord des Chrétiens et des Sarrazins sur ce sujet, la malheureuse Jérusalem a souffert, souffre encore et souffrira plus tard de plus de sièges, dégradations, destructions et terreurs qu’aucune autre ville au monde.” [25] Le rabbin Ovaria de Bartinora (1450-1510), exégète du Talmud, visite lui aussi Jérusalem vers 1487. “Mais que dois-je vous dire sur ce pays? Grande est la solitude et grandes sont les pertes et, pour décrire cela brièvement, plus les lieux sont sacrés, plus grande est leur désolation! Jérusalem est plus désolée que le reste du pays.” [26] En 1517, la Terre d’Israël, et avec elle Jérusalem, passe sous la domination de l’Empire ottoman, domination qui va durer quatre siècles (1517-1917). = Notes [1] Le texte du sermon de Sophronius est cité dans: Kaegi (W.E.). Initial Byzantine Reactions to the Arab Conquest. Church History, 38, p. 139-149. [2] Les textes de Baladhuri, Ya’qubi et Tabari sont cités dans: Peters (F.E.). Jerusalem. Princeton University Press, 1985, p. 176-177 et 185-186. [3] Voir: Mann (J.). The Jews in Egypt and in Palestine Under the Fatimid Caliphs. Oxford University Press, 1969, vol. 1, p. 45. (Réimpression de l’édition originale de 1920-1922) [4] The Chronicle of Ahimaaz. New York, Columbia University Press, 1924, p. 65. [5] Al-Muqaddasi. Description of Syria, Including Palestine. New York, AMS Press, 1971, p. 34-37. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 3, 1896.) [6] Peters (F.E.). Jerusalem. Princeton University Press, 1985, p. 193-194. [7] Nasir-I Khusraw. Diary of a Journey Through Syria and Palestine. New York, AMS Press, 1971, p. 23-24. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 4, 1893.) [8] Krey (A.C.), ed. The First Crusade: The Accounts of Eye-Witnesses and Participants. Princeton University Press, 1921, p. 39-40. [9] William of Tyre. A History of Deeds Done Beyond the Sea. New York, Columbia University Press, 1943, vol. 1, p. 65-71 et 79-81. [10] Voir: Itinera Hierosolymitana Crucesignatorum (Saec. XII-XIII). Jerusalem, Franciscan Printing Press, 1979-1984, 4 vol. De nombreux documents sont présentés en latin, avec une traduction italienne de S. de Sandoli. [11] Krey (A.C.), ed. The First Crusade: The Accounts of Eye-Witnesses and Participants. Princeton University Press, 1921, p. 261. [12] William of Tyre. A History of Deeds Done Beyond the Sea. New York, Columbia University Press, 1943, vol. 1, p. 372-378. [13] The Pilgrimage of the Russian Abbot Daniel in the Holy Land. New York, AMS Press, 1971, p. 25-26. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 4, 1895.) [14] John of Wurzburg. Description of the Holy Land. New York, AMS Press, 1971, p. 44-45. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Society, 5, 1896.) [15] Adler (M.N.). The Itinerary of Benjamin of Tudela. New York, P. Feldheim, 1965, p. 21. (Réimpression de l’édition de 1907.) [16] Adler (M.N.). The Itinerary of Benjamin of Tudela. New York, P. Feldheim, 1965, p. 21-23. (Réimpression de l’édition de 1907.) [17] Un autre manuscrit n’indique pas “deux cents Juifs” mais “quatre Juifs”. Il est donc possible qu’il n’y ait eu qu’une famille juive. Voir: Adler (E.N.). Jewish Travellers: A Treasury of Travelogues From Nine Centuries. New York, Hermon Books, 2nd ed., 1966, p. 88. [18] Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley, University of California Press, 1969, p. 123-125, 128-131, 136-139. [19] Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley, University of California Press, 1969, p. 141-142, 148, 162-163. [20] Voir le récit de l’historien musulman Ibn Wasil dans: Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley, University of California Press, 1969, p. 267-271. [21] Une copie de la lettre est affichée dans la synagogue actuelle. [22] Har-El (M.). This is Jerusalem. Jerusalem, Kiryat-Sefer, 1985, p. 281-282. [23] Histoire de Jérusalem et d’Hébron. Fragments de la chronique de Mujir al-Din. Paris, Ernest Lanoux, 1876, p. 174-175. [24] Histoire de Jérusalem et d’Hébron. Fragments de la chronique de Mujir al-Din. Paris, Ernest Lanoux, 1876, p. 183-184. [25] The Book of the Wanderings of Felix Fabri. New York, AMS Press, 1971, vol. 2, p. 262. (Réimpression de: Palestine Pilgrims Text Society, 7-10) [26] Kobler (F.), ed. Letters of Jews Through the Ages From Biblical Times to the Middle of the Eighteenth Century. New York, East & West Library, 1978, vol. 1, p. 226. = Chronologie médiévale = = Avant 638 27-30: Prédications de Jésus-Christ, fondateur du Christianisme. 63-324: Période romaine. 324-638: Période byzantine. 570-632: Vie et prédications de Mahomet, fondateur de l’Islam. 636: Bataille de Yarmuk le 20 août. Défaite des Byzantins contre les Musulmans, enflammés par la parole de Mahomet. = = La période musulmane (638-1099) 638: Entrée du calife Omar à Jérusalem. 660: Début de la dynastie omeyyade, avec Damas pour capitale. 689-692: Construction du Dôme du Rocher par le calife Abd al-Malik. 705-715: Construction de la mosquée al-Aksa par le calife Al-Walid. 750: Fin de la dynastie omeyyade. 750: Début de la dynastie abbasside, avec Bagdad pour capitale. 878: Fin de la dynastie abbasside. Contrôle du royaume par Ahmed ibn-Touloun, installé au Caire. 974: Remplacement des Abbassides par les califes fatimides d’Egypte. 976-996: Gouvernement du calife Al-Ariz. Liberté civile et religieuse pour tous. 996-1021: Gouvernement du calife Al-Akim, dit le “calife fou”. 1009: Persécution sauvage des Chrétiens et destruction de nombreuses églises. 1071: Fin des califes fatimides d’Egypte. Prise de Jérusalem par les Turcs séleucides. = = Le royaume des Croisés (1099-1195) 1095: Le pape Urbain II appelle à la guerre sainte pour libérer les Lieux saints. 1099: Conquête de Jérusalem par les Croisés le 15 juillet et proclamation du Royaume latin. 1100-1118: Règne du premier roi croisé, Baudouin Ier. 1101-1105: Sécurité des côtes. 1106-1110: Recul de la frontière nord jusqu’à la principauté de Tripoli. 1109: Création de l’ordre militaire des Hospitaliers. 1147: Arrivée de la deuxième Croisade. 1149: Reconstruction du Saint-Sépulcre suivant le plan de la Croix. 1153: Prise d’Ascalon aux Croisés. 1166-1171: Visite de la Terre Sainte par Banjamin de Tulède, un Juif espagnol, et compte-rendu de voyage. 1170: Prise du pouvoir par Saladin, sultan ayyubide d’Egypte. 1187: Les Croisés sont vaincus par Saladin à la bataille de Hattîn le 3 juillet. Prise de Jérusalem par Saladin. 1189-1192: Arrivée de la troisième Croisade. 1189: Création de l’ordre militaire des Chevaliers teutoniques. 1224: Prise de Tyr aux Croisés. 1229: Contrôle de Jérusalem offert à l’empereur Frédéric II par le sultan égyptien Al-Kamil. 1244: Jérusalem mise à sac par les Tartares. = = La période mamelouke (1250-1517) 1249: Mort d’Ayaub, sultan du Caire. Jérusalem est sous la domination de Damas pour une courte période. 1250: Renversement de la dynastie de Saladin par les Mamelouks de Bahri. 1260: Invasion mongole. Fuite des habitants de Jérusalem. 1260-1277: Lutte de Baybars pour rejeter les Croisés à la mer. 1267: Fondation d’une synagogue et d’un centre d’études par le rabbin Ramban. 1291: Prise du port d’Acre, dernier bastion croisé. 1347: Jérusalem conquise par les Mamelouks. 1452: L’église Sainte-Marie-des-Allemands est détruite par des fanatiques musulmans. Persécution des non-Musulmans. 1480-1483: Visite de la Terre Sainte par le frère dominicain allemand Felix Fabri. Suit un grand récit de voyage. 1488: Visite de Jérusalem par le rabbin Ovadia de Bartinora, qui s’installe dans la ville. 1490: Nombre d’habitants dans une Jérusalem en ruines: dix mille environ. 1516: Conquête ottomane. 3. L'ARCHITECTURE MUSULMANE [Haram al-Sharif musulman / Chaire de Burhân al-Dîn / Dôme de la Chaîne / Dôme du Rocher / Mosquée al-Aksa / Notes] La Jérusalem vue par les Musulmans, c’est Al-Bayt-el-Muqaddas, la Sainte Maison, Al-Bayt-al-Maqdîs, la demeure de la Sainteté, ou plus simplement Al-Quds, la Sainte. Elle est la troisième grande ville musulmane, après La Mecque et Médine. Un proverbe musulman dit: “Une prière à la Mecque vaut dix mille prières, une prière à Médine vaut mille prières, une prière à Jérusalem vaut cinq cents prières.” La Jérusalem musulmane, c’est une partie du Haram al-Sharif, et plus particulièrement les édifices suivants: la Chaire Burhân al-Dîn (Minbar Burhân al-Dîn), le Dôme de la Chaîne (Qubbat al-Silsila), le Dôme du Rocher (Qubbat al-Sakhra) et la mosquée al-Aksa (al-Aqsa). = Haram el-Sharif musulman Situé sur le Mont du Temple, Haram al-Sharif, qui signifie Noble Sanctuaire, est la vaste esplanade entourant le Dôme du Rocher, joyau de Jérusalem. L’esplanade a la forme d’un trapèze, avec un côté sud de 281 m, un côté nord de 310 m, un côté est de 462 m et un côté ouest de 491 m. L’histoire du Haram est la suivante: juste après la conquête musulmane, en 638, le calife Omar vient à Jérusalem et se met immédiatement à rénover la ville, en commençant par la colline du Mont du Temple, qui est une sorte de décharge publique. Un récit du 14e siècle ayant pour titre Muthîr al-Ghirâm, souvent copié par les auteurs des siècles suivants, raconte que, quand Omar arrive dans la Ville Sainte et qu’il voit le monceau d’immondices recouvrant le Rocher Sacré, il contemple l’horreur de la chose et ordonne que la place soit entièrement nettoyée [1]. C’est le fils d’Omar, Abd al-Malik, qui, entre 692 et 697, fait construire le Dôme du Rocher à l’endroit présumé du sacrifice d’Isaac, lieu central du Temple. Le plan est basé sur celui de la rotonde du Saint-Sépulcre. Et son fils Al-Walid commence la construction de la mosquée al-Aksa en 701. Elle devient le troisième temple de l’Islam. La description la plus ancienne du Haram est celle de Ibn al-Faqih, en 903: “Il est dit que la longueur du Noble Sanctuaire de Jérusalem est de 1.500 pieds [456 mètres], et sa largeur de 1.050 pieds [319 mètres]. On compte 4.000 poutres de bois, 700 piliers et 500 chaînes de cuivre. Il est éclairé la nuit par 1.600 lampes, et il est servi par 400 esclaves… Sur les divers toits, à la place d’argile, sont utilisées 4.500 feuilles de plomb... Sur les contours intérieurs et extérieurs on compte cinquante portes.” [2] Une autre description du Haram du 10e siècle est donnée par Al-Muqaddasi, voyageur et géographe musulman, lui-même natif de Jérusalem. Il écrit que la mosquée al-Aksa est encore plus belle que celle de Damas. Le Saint-Sépulcre des Chrétiens étant à la fois un rival et un modèle, Al-Aksa, bâtiment musulman, est construit pour surpasser le Saint-Sépulcre en beauté. [3] Le terme d’Al-Aksa, du nom de la mosquée actuelle, est employé pour tout le Haram, jusqu’au 10e siècle, quand il est reconnu par la tradition musulmane que Jérusalem est bien la Masjid-al-Aqsa, le sanctuaire où Mahomet est transporté pendant son voyage de nuit. Ensuite les Musulmans appellent la plateforme du Mont du Temple du nouveau nom de Haram al-Sharif. Ils interdisent aussi l’accès des lieux aux non-croyants. L’interdiction dure jusqu’à l’arrivée des Croisés en 1099. Nasir-I Khusraw, un Perse venu visiter Jérusalem en 1047, donne une description du Haram intéressante parce qu’elle semble être la dernière faite avant l’arrivée croisée: “La cour du Haram est entièrement pavée, et dans son centre s’élève une plateforme, comme celle de la mosquée de Médine, à laquelle on monte par de larges escaliers. La plateforme comprend quatre dômes. Parmi ceux-là, le Dôme de la Chaîne, le Dôme de l’Ascension du Prophète et le Dôme du Prophète sont de petite taille. Tous ont des coupoles couvertes de plomb et reposent sur des piliers de marbre sans murs extérieurs... Au centre de la plateforme, le Dôme du Rocher s’élève au-dessus d’un bâtiment octogonal avec quatre entrées, chacune faisant face aux escaliers montant de la cour.” [4] Le Haram al-Sharif se présente ainsi: le centre est occupé par une plateforme appelée mastaba, avec le Dôme du Rocher au centre. L’espanade, ou sahn, est située entre 4 et 6 mètres au-dessous de la plateforme. Elle comprend la zone du Mont du Temple tout entière. La mosquée al-Aksa est située à l’extrémité sud de l’esplanade, jouxtant le mur sud. Un tiers de l’esplanade est planté d’arbres, le plus souvent des oliviers. Présentement le mur du Haram est percé de dix portes. Les sept portes occidentales sont, du sud au nord: la Porte des Maures, la Porte de la Chaîne, la Porte des Ablutions, la Porte de Fer, la Porte de la Prison et la Porte de Ghawanmeh. Les trois portes situées au nord sont la Porte Noire, la Porte de Hutta et la Porte des Tribus. La Porte de Hutta porte aussi le nom du roi Feisal d’Iraq, qui vient au Haram en 1930. = Chaire de Burhan al-Din (Minbar Burhan al-Din) Edifiée au 8e siècle sur le côté sud de l’esplanade, la chaire de Burhân al-Dîn, de son nom musulman Minbar Burhân al-Dîn, est entièrement en pierre et en marbre polychromes. Elle est construite en plein air pour les prônes des jours de fête et ceux des jours de prière sous la pluie. Elle est restaurée en 1388 par le grand juge de Jérusalem, Burhân al-Dîn, qui lui donne son nom. Une seconde restauration date de 1843. Voici le commentaire que fait Chelebi, voyageur musulman, dans les années 1648-1650: “A la porte sud du Haram se trouve une chaire où le prophète est monté la nuit de son Voyage Céleste pour donner un avertissement aux âmes de tous les prophètes. C’est une petite chaire. Aux temps de sécheresse, les gens de la province se rassemblent autour pour offrir des prières pour la pluie.” [5] = Dôme de la Chaîne (Qubbat al-Silsila) Le Dôme de la Chaîne, de son nom musulman Qubbat al-Silsila, est situé à l’est du Dôme du Rocher. Il est attribué à Abd al-Malik, constructeur du Dôme du Rocher. D’après la tradition arabe, il abrite le Trésor des Musulmans de la ville. Il est impossible d’entrer dans le bâtiment sans être vu de l’intérieur, et on accède au Trésor par une échelle. Comme pour les autres édifices du Haram, la description la plus ancienne est celle d’Ibn al-Faqih en 903: “A l’est du Dôme du Rocher s’élève le Dôme de la Chaîne. Il est supporté par vingt colonnes de marbre, et son toit est couvert de feuilles de plomb.” [6] Le Dôme de la Chaîne ressemble un peu au Dôme du Rocher. Les 11 colonnes externes et les 6 colonnes internes supportent la pièce ronde qui abritait le trésor. La description de 903 parle de 20 colonnes. La construction elle-même a sans doute été modifiée par Baybars, gouverneur mamelouk entre 1260 et 1277. C’est lui qui ajoute le mirhâb. Soliman le Magnifique fait recouvrir le dôme de carreaux en 1561. L’édifice est décrit par Chelebi dans les années 1648-1650. “Construit comme un palais, le dôme repose entièrement sur des colonnes, il n’existe pas le moindre mur. Le cercle extérieur est fait de neuf colonnes précieuses, alors que le cercle intérieur consiste en six colonnes. Le dôme s’élève au-dessous d’elles. L’íntérieur et l’extérieur de ce dôme sont couverts de fines tuiles du Kashan de la couleur des lapis lazuli. Le dôme lui-même est couvert de plomb bien coulé semblable à celui de la mosquée Suleimaniyye à Istanbul… Il a une niche de prière dans laquelle j’ai offert quelques prières et louanges.” [7] = Dôme du Rocher (Qubbat al-Sakhra) Le Dôme du Rocher, appelé Qubbat al-Sakhra, est le joyau de Jérusalem et l’une des merveilles du Moyen-Orient. Il est situé au milieu de la plateforme centrale de l’esplanade du Haram al-Sharif. L’origine de sa construction tient à deux légendes musulmanes qui lient à la ville de Jérusalem le voyage nocturne de Mahomet et son Ascension vers le ciel. La légende du voyage nocturne de Mahomet prend sa source dans les premiers versets de la sourate 17 du Coran. Les Musulmans tentent d’identifier les deux Lieux Saints mentionnés dans ces lignes. Le commentateur du Coran Al-Zamakhshari (mort en 1144) montre que le voyage nocturne est en relation avec l’Ascension racontée plus loin dans les versets 4 à 10 de la sourate 53 du Coran [8]. Mais cette relation entre les deux événements est très controversée. De même, la relation possible entre le voyage nocturne de Mahomet et la ville de Jérusalem est loin de faire l’unanimité [9]. Le Dôme du Rocher, construit entre 692 et 697, est érigé par Abd al-Malik à l’endroit le plus élevé du Mont du Temple. Sa date de construction, 72 après l’Hégire, est indiquée par une inscription coufique sur une plaque de métal bleu-gris située sur une des arches sud-ouest supportant le dôme: “Le serviteur d’Allah Abd al-Malek ibn Mirwan, commandant du Prophète, construit ce dôme en l’an 72. Qu’Allah recoive sa prière et le favorise.” Selon la tradition arabe, les Musulmans reconnaissent sur le Rocher Sacré l’empreinte du pied du Prophète lors de son élan vers le ciel. Le Rocher Sacré, appelé aussi Even Ha-Shathiyah, Rocher de la Fondation, est identifié par la tradition et l’histoire comme l’endroit où Abraham offre Isaac en sacrifice sur le Mont Moriah. Il serait aussi l’autel que le roi David prépare pour Dieu. Il serait encore l’emplacement du Mont de Salomon. Il serait enfin le Saint des Saints situé dans le Temple. [10] Le calife omeyyade Abd al-Malik commémore l’Ascension de Mahomet au ciel au moyen d’un édifice musulman splendide. Cet édifice est le contrepoids des majestueuses églises chrétiennes élevées par les Byzantins. Il est aussi un symbole musulman face aux religions juive et chrétienne, les deux religions antérieures que l’Islam juge imparfaites. C’est ainsi qu’après la Mecque et Médine, Jérusalem devient la troisième grande ville musulmane. La description la plus ancienne qu’on ait du Dôme du Rocher est celle d’Ibn al-Faqih, en 903: “Au milieu du Haram s’étend une plateforme... Six escaliers conduisent au Dôme du Rocher. Le Dôme s’élève au milieu de cette plateforme. Sa surface au sol est de 150 pieds [45,6 m] sur 150 pieds, sa hauteur est de 105 pieds [31,9 m] et sa circonférence de 540 pieds [164,2 m]. Dans le Dôme ils allument chaque nuit 300 lampes. Il a quatre portails surmontés d’un toit, et chaque portail a quatre portes, et il est surplombé par un portique de marbre. La pierre du Rocher mesure 51 pieds [15,3 m] sur 40 pieds et demi [12,2 m] et sous le Rocher se trouve une grotte dans laquelle les gens prient. La grotte peut contenir soixante-deux personnes. Le Dôme est couvert de marbre blanc et son toit est d’or rouge. Les murs et le tambour sont ouverts par cinquante-six baies, dont les verres sont de teinte variée; chacune mesure 9 pieds de haut [2,7 m] et 6 [1,8 m] de large. Le Dôme, qui fut construit par Abd al-Malik ibn Marwan, est supporté par douze colonnes et trente piliers. C’est un dôme au-dessus d’un dôme [un intérieur et un extérieur] recouvert de feuilles de plomb et de marbre blanc.” [11] Au début du 10e siècle, la coupole de cuivre est gainée d’or. Le gainage d’or est remplacé plus tard par un gainage en plomb. Au 11e siècle, deux tremblements de terre secouent le dôme, et la mosaïque supérieure est remplacée. Les mosaïques du tambour sont restaurées en 1027, mais il semble que les dessins originaux soient conservés. Lors de la prise de Jérusalem par les Croisés en 1099, le Dôme du Rocher est identifié comme le Temple de Dieu. Il devient une église, mais l’ensemble de l’édifice est conservé tel quel. En raison du symbole que représente le Rocher pour les Chrétiens, les Croisés prennent des fragments de roche pour les vendre à prix d’or à des pèlerins pieux. C’est pour mettre fin à ce commerce que les rois croisés entourent le rocher d’une grille de métal dont il existe encore des fragments aujourd’hui dans le secteur nord-ouest. Le croissant au sommet du Dôme est remplacé par une croix, et on édifie un autel de pierre. Le Dôme du Rocher est consacré comme église chrétienne en 1142. On ne songe pas à le faire rivaliser d’importance avec le Saint-Sépulcre, mais le fait qu’il soit une église a sa signification, parce que son emplacement est associé avec nombre d’évènements de l’Ancien et du Nouveau Testament. Comme la mosquée al-Aksa, l’édifice est utilisé par l’ordre des Templiers, érigé en ordre militaire en 1128. L’architecture du Dôme du Rocher est copiée dans de nombreuses églises d’Europe. Pour lui faire retrouver sa forme originale, en 1187, l’an 586 après l’Hégire, Saladin n’a qu’à enlever les icônes et l’autel. Il fait dorer les arches supportant le dôme, ce qui leur donne l’allure qu’elles ont aujourd’hui. Les murs sont recouverts de plaques de marbre, et le dôme reçoit un revêtement de mosaïques. Sous le sultan Baybars, les mosaïques de la partie supérieure des murs extérieurs sont restaurées. Elles sont restaurées à nouveau en 1270, puis en 1290 par le sultan Al-Ashraf. En 1318, Al-Nasir ibn Qalaoun restaure la dorure et la mosaïque du tambour, ainsi que le gainage extérieur en plomb. Les restaurations continuent au 15e siècle, puis sous le gouvernement turc. Un plan axonométrique est publié par K.A.C. Creswell dans Early Muslim Architecture. Il “met en évidence une disposition architecturale héritée de la tradition byzantine et demeurée unique dans l’art de l’Islam. Quatre portes font face à chacun des points cardinaux, ce qui confère à l’édifice une situation symbolique de centre du monde. Le nombre quarante, qui représente le total des piliers et colonnes, est également symbolique...” [12] La forme du Dôme du Rocher est celle d’un octogone inscrit dans un cercle, symbole de la conception ancienne du centre du monde [13]. La construction octogonale contient deux rangées concentriques de piliers. La rangée intérieure supporte le dôme, et la rangée extérieure supporte le bâtiment lui-même. Dans ses formes et proportions, le Dôme du Rocher est inspiré par le Saint-Sépulcre. Le diamètre intérieur du Saint Sépulcre est de 20,9m et son dôme est à une hauteur de 21,5m. Les dimensions correspondantes pour le Dôme du Rocher sont de 20,3m et 20,5m. Le dôme s’élève sur 12 piliers ronds en marbre et 4 en granit. Les 16 baies de la coupole sont faites de verre coloré sur fond d’or, et la lumière donnée à l’intérieur est un enchantement. Si certaines des baies sont du 15e siècle, la plupart sont des 18e et 19e siècles. Les murs octogonaux sont ouverts par 56 baies, soit 7 pour chaque mur. La construction entourant le dôme est supportée par 8 piliers de marbre et 16 piliers de granit coloré. Les piliers de granit sont surmontés de chapiteaux qui viennent sans doute du Temple d’Hérode ou de l’église de Saint-Sépulcre détruite par les Perses en 614. Les piliers situés sur le dôme et la partie inférieure de la mosaïque sont très anciens. L’entrée sud est la plus ornée, parce qu’elle fait face à La Mecque. Une inscription coufique entoure la base du dôme. Au-dessus des colonnades octogonale et circulaire entourant le Rocher Sacré court un décor de mosaïques sur plus de 1200 m2 de surface de mur. Le revêtement date de l’époque de construction du monument. Ces mosaïques omeyyades forment un ensemble unique au monde, avec une profusion de rinceaux d’acanthe et divers motifs végétaux réalistes ou stylisés, puisque la loi musulmane interdit la représentation d’êtres vivants. A partir de 1927, dans le cadre d’une collaboration à l’oeuvre monumentale de l’orientaliste britannique K.A.C. Creswell sur l’architecture musulmane, Marguerite van Berchem fait une description détaillée de ces mosaïques [14]. Suite à cette étude, elle conclut que ce chef-d’oeuvre de l’époque omeyyade est l’oeuvre d’artistes syriens et non d’artistes byzantins, comme il était communément admis avant ses travaux. Trente ans plus tard, en vue d’une nouvelle édition de l’ouvrage de K.A.C. Creswell, elle procède à un deuxième examen de ces mosaïques [15]. D’après elle, ce décor floral est une symbiose entre les traditions gréco-romaine et orientale. La tradition gréco-romaine est représentée par les plantes d’acanthe, les rinceaux, les vignes, les arbres, les guirlandes de fleurs et de fruits, les cornes d’abondance. La tradition orientale, ce sont les grandes fleurs stylisées en forme de lotus ou de tulipes. Les couleurs dominantes sont le vert avec huit teintes de vert, le bleu avec six teintes de bleu, et l’or. Dans la partie supérieure des mosaïques court une belle inscription en caractères coufiques longue de 240 m, qui date elle aussi de la construction du monument. En or sur fond bleu, elle fait deux fois le tour de l’édifice, sur les faces interne et externe de la colonnade octogonale. Un autre beau spécimen de l’art omeyyade est le décor de bronzes dorés. De larges plaques ornent les soffites des grandes portes d’entrée placées aux quatre points cardinaux. Des plaques plus étroites recouvrent le dessous des 24 poutres-tirants reliant entre eux les chapiteaux de la colonnade octogonale, à six mètres au-dessus du sol. Les motifs dominants sont les vignes avec leurs enroulements, leurs feuilles et leurs grapes. [16] = Mosquée al-Aksa (al-Aqsa) Située en bordure de l’esplanade à côté du mur sud du Haram, la mosquée al-Aksa est le deuxième grand bâtiment du Haram al-Sharif. Elle est la première des 35 mosquées de Jérusalem. L’enceinte du Haram comprend 6 autres mosquées. A l’intérieur des remparts de la Vieille Ville, on en compte encore 28 autres. Le choix de l’emplacement du sanctuaire de prière sur le Haram est relaté dans le texte du 14e siècle appelé Muthîr al-Ghirâm. Celui-ci reprend le texte de Kulthum Ibn Ziyad, qui tient lui-même le récit d’Al-Walid. Al-Walid relate qu’après avoir choisi l’emplacement de la future mosquée, Omar commence à nettoyer le terrain de ses propres mains. Il met au fur et à mesure les immondices dans son manteau, et les jette dans le wadi Sahannam. Sa suite fait de même. Ils font ainsi plusieurs voyages, jusqu’à ce que tout l’emplacement soit nettoyé. Puis ils prient. [17] La mosquée al-Aksa est érigée pour les prières collectives, le Dôme du Rocher étant réservé aux prières individuelles. La mosquée actuelle peut contenir 5 mille personnes. Alors que les fondations du Dôme du Rocher sont sur la pierre, celles de la mosquée al-Aksa sont bâties sur la terre et les structures des temps hérodiens, à savoir la partie ouest des écuries de Salomon. Ce sont les fondations de l’église byzantine qui auraient été utilisées. Cette église, dédiée à la Vierge Marie pendant le règne justinien, est construite en 560. Les Perses la détruisent par le feu en 614. Le pèlerin chrétien Arculfe a vu de ses yeux la mosquée de 680. Elle peut contenir 3 mille personnes soit, à l’époque, la totalité de la population musulmane de Jérusalem. A part les proportions générales, presque rien ne subsiste non plus de la deuxième mosquée, construite par Al-Walid, qui fut calife entre 705 et 715. Cette deuxième mosquée fut deux fois détruite par des tremblements de terre pendant les soixante premières années de son existence. Il existe une controverse parmi les historiens sur la date de construction de la mosquée actuelle. Certains pensent que la construction est dûe à Abd al-Malik, bâtisseur du Dôme du Rocher. D’autres pensent qu’elle est le fait d’Al-Walid, constructeur de la grande mosquée omeyyade de Damas. Le constructeur gaine le dôme de cuivre et il apporte une mosaïque de Constantinople pour décorer l’intérieur de la mosquée, comme dans les mosquées de la Mecque et de Médine. Pendant la période omeyyade, la mosquée est plus étroite et plus courte. Le sol est de marbre et les portes dorées. Le tremblement de terre de 774 détruit les murs est et ouest. La mosquée est restaurée par le calife Abu Jaafar al-Mansur, et détruite à nouveau par un tremblement de terre trois ans après. Le dôme et sa mosaïque sont l’oeuvre du calife fatimide Al-Zahir, tout comme la nef centrale et les sept portes avec leurs sept arcs brisés dans le mur nord de la façade. Après le tremblement de terre de 1033, Al-Zahir reconstruit la mosquée en conservant sept des quinze ailes de la mosquée de 870, celle du calife Al-Mahdi. [18] Voici le commentaire de Al-Muqaddasi, voyageur musulman du 10e siècle: “La mosquée Aqsa est située dans l’angle sud-est de la Ville Sainte... Cette mosquée est encore plus belle que celle de Damas, parce que pendant sa construction elle eut pour rival et pour modèle la grande église (le Saint-Sépulcre, ndlr) appartenant aux Chrétiens de Jérusalem, et ils construisirent celle-ci (al-Aksa, ndlr) pour être encore plus belle que l’autre.” [19] Après la prise de Jérusalem en 1099, la mosquée al-Aksa devient la résidence du roi de Jérusalem. Les Croisés considèrent que son emplacement est celui du Templum Domini, le Temple de Salomon. Mais son utilisation comme résidence royale est brève, moins de vingt ans selon Guillaume de Tyr. [20] En 1128, le roi cède le Temple de Salomon à un ordre de moines-soldats fondé dix ans auparavant. De par le nom de leur quartier général, ceux-ci deviennent les Templiers, ordre militaire fondé la même année afin de défendre les Lieux Saints et de protéger les pèlerins pendant leur voyage. Lors de la prise de Jérusalem en 1187, Saladin, comme pour le Dôme du Rocher, fait enlever les icônes et l’autel, ainsi que les constructions des Templiers au nord de la mosquée. Il contribue à la décoration du mirhâb en offrant une magnifique chaire de bois sculpté. Cette chaire, réalisée en 1170, est l’oeuvre de son prédécesseur Nur al-Din, gouverneur de Syrie. Elle est détruite par le feu en 1969, un geste fou d’un touriste chrétien, qui pensait que le retour du Christ ne pourrait avoir lieu avant la disparition des “abominations” musulmanes du Mont du Temple. Les sultans mamelouks restaurent les deux côtés de la mosquée. Entre 1345 et 1350, ils ajoutent deux baies de chaque côté du porche croisé. On ne les voit qu’à l’íntérieur, du côté ouest, parce que la nef et le côté occidental sont reconstruits entre 1938 et 1942. Comme l’attestent des inscriptions sur la mosaïque du dôme, les premières restaurations sont l’oeuvre du roi mamelouk Qalaoun en 1327. Le dôme et les colonnes sont consolidés entre 1922 et 1927. Une deuxième consolidation a lieu après les tremblements de terre de 1928 et 1937. La mosquée et ses baies sont restaurées en 1943 par le roi d’Egypte Farouk. On voit des traces de la mosquée originale d’Omar, décorée d’une double rangée de colonnes, dans l’angle sud-est d’Al-Aksa. La superficie de cette mosquée était de 8 m x 30 m. Les seuls vestiges de la période omeyyade sont les colonnes situées à l’est du mirhâb. La mosquée est divisée en une nef centrale et deux transepts. La nef, de direction nord-sud, est supportée par 7 arcades reposant sur des colonnes de marbre et de pierre avec des chapiteaux stylisés surmontés de baies. La mosquée comprend 114 colonnes et 135 baies. Sa longueur est de 80 m et sa largeur de 55 m. La façade nord a 7 arcades et 7 grandes entrées construites pendant la période fatimide. Les 4 autres portes sont situées ainsi: deux à l’ouest, une au sud et une à l’est. Le dôme a une hauteur de 17,7 m. Comme pour le Dôme du Rocher, l’intérieur est en bois et l’extérieur en plomb. Le dôme est supporté par 4 arcs et 8 piliers, restaurés en 1927. L’élément le plus ancien est la mosaïque du tambour supportant le dôme et celle de la façade de l’arche surplombant l’aile du centre. Une inscription permet de dater ces mosaïques de 1035. Leur qualité artistique est inférieure à celle du Dôme du Rocher, mais il existe une certaine ressemblance dans les motifs, sans doute copiés sur une mosaïque omeyyade. La période croisée a laissé sa marque, avec les trois baies centrales du porche, refaites en 1217, les baies de verre rose et bleu à l’ouest, le mirhâb de Zacharie, ancienne chapelle croisée, et enfin les pièces voûtées à l’ouest, dans la mosquée des Femmes. La tradition chrétienne veut que cette mosquée ait été l’oratoire des Templiers. C’est de l’époque de Saladin que datent les grandes dalles de marbre claires et foncées recouvrant les murs. La couverture intérieure du dôme en mosaïques de verre coloré date de la même époque. Cette couverture ressemble à celle du Dôme du Rocher. = Notes [1] Le Strange (G.). Palestine under the Moslems, 1890. Reprint: Beirout, Khayats, 1965, p. 139-143. [2] Le Strange (G.). Palestine under the Moslems, 1890. Reprint: Beirout, Khayats, 1965, p. 161. [3] Al-Muqaddasi. Description of Syria, including Palestine. Palestine Pilgrims Text Society, volume 3, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 41-46. [4] Nasir-I Khusraw. Diary of a Journey Through Syria and Palestine. Palestine Pilgrims Text Society, volume 4, 1893. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 29-42. [5] Evliya Tshelebi’s Travels in Palestine. Jerusalem, Ariel, 1980, p. 86. [6] Le Strange (G.). Palestine Under the Moslems. 1890. Reprint: Beirut, Khayats, 1965, p. 120-121. [7] Evliya Tshelebi’s Travels in Palestine. Jerusalem, Ariel, 1980, p. 86. [8] Gätje (H.). The Qu’ran and its Exegesis. Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 1976, p. 75-77. [9] Deux historiens, I. Goldziher et O. Grabar, ont étudié l’origine et les motifs possibles de cette association. Voir: Goldziher (I.), Muslim Studies. London, G. Allen and Unwin, 1971, volume II, p. 45-46. Voir aussi: Grabar (O.). The Formation of Islamic Art. New Haven and London, Yale University Press, 1973, p. 50-52. [10] Har-El (M.). This is Jerusalem. Jerusalem, Steimatsky, 1985, p. 333. [11] Le Strange (G.). Palestine under the Moslems. 1890. Reprint: Beirut, Khayats, 1965, p. 120-121. Les mesures données sont tout à fait fantaisistes. [12] Gautier-van Berchem (M.) et Ory (S.). La Jérusalem musulmane. Lausanne, éditions des Trois Continents, 1978, p. 32. [13] Murphy-O’Connor (J.). The Holy Land. Jerusalem, Oxford University Press, 1986, figure 24, p. 77. [14] Van Berchem (M.). The Mosaics of the Dome of the Rock in Jerusalem and of the Great Mosque in Damascus, in: Early Muslim Architecture. By K.A.C. Creswell. Oxford University Press, 1962. [15] Idem, 2nd edition, 1969. [16] L’étude a été publiée pour la première fois par K.A.C. Creswell en 1932, dans Early Muslim Architecture, avec de nombreuses photographies. [17] Le Strange (G.). Palestine under the Moslems. 1890. Reprint: Beirout, Khayats, 1965, p. 139-143. [18] Hamilton (W.). The Structural History of the Aqsa Moque. Jerusalem, 1947. Ce livre traite de l’histoire complexe de la destruction et de la reconstruction d’Al-Aqsa. [19] Al-Muqaddasi. Description of Syria, including Palestine. Palestine Pilgrims Text Society, volume 3, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 41-44. [20] William of Tyre. A History of Deeds Deone Beyond the Sea. New York, Columbia University Press, 1943, volume 1, p. 524-525. 4. L'ARCHITECTURE CROISEE CIVILE [Citadelle / Mauristan / Portes / Notes] L’architecture croisée n’est pas seulement présente dans nombre d’édifices religieux. On la retrouve aussi dans la Citadelle et la Tour de David, le quartier du Mauristan et quelques portes des remparts. = Citadelle La citadelle est située sur le rempart ouest de la Vieille Ville, à côté de la porte de Jaffa. Selon la tradition musulmane, la Tour de David, appelée aussi Tour de Goliath, aurait été le siège du combat de David et de Goliath. Quand Hérode le Grand (37-4 avant Jésus-Christ) fortifie Jérusalem, l’entourant d’un double rempart, il construit son palais sur le site le plus haut et le mieux fortifié, à 777 m au-dessus du niveau de la mer. La citadelle est dégagée entre 1934 et 1939 par l’archéologue C.N. Johns, membre du Département des Antiquités durant le mandat britannique [1]. Dans la cour de la tour sud, C.N. Johns découvre les restes d’un mur et d’une tour ronde, qu’il attribue à la construction du 8e siècle. Plusieurs fois détruite et reconstruite, la citadelle est utilisée au fil des siècles par les gouverneurs successifs de la ville: romains, byzantins, arabes, séleucides, croisés, ayyubides kurdes, mamelouks, turcs et jordaniens. En 1099, les Fatimides de Jérusalem ont toute confiance dans les fortifications de la ville. Ses remparts sont réputés parmi les plus solides du monde. La citadelle, appelée aussi Tour de David, est un fort dans un fort, avec un mur de 12 mètres de haut. Le 15 juillet 1099, les Croisés remplissent les douves et attaquent la ville en quatre points vers le rempart nord et en un point vers le mur sud. Ils font d’abord une brèche près de la Porte d’Hérode, puis deux autres brèches près de la Porte de Sion et près de la Nouvelle Porte, dans la zone de la Tour de David. Il s’ensuit un massacre de tous les habitants juifs et musulmans, hommes, femmes et enfants. Au 12e siècle, les rois croisés de Jérusalem élargissent les limites de la citadelle et construisent de nouveaux remparts tout autour. La citadelle est pour eux une bonne place stratégique et elle n’est pas loin du Saint-Sépulcre. La Tour de David est appelée aussi Tour de Tancrède. C’est dans cette tour que luttent les troupes du prince croisé Tancrède pendant le siège de Jérusalem en 1099. La tour est reconstruite durant la première moitié du 12e siècle, pour protéger le point faible formé par l’angle nord-ouest des remparts dans la défense de la ville. Les Croisés divisent la citadelle en deux parties: une partie intérieure qui englobe les tours occidentales dans les limites de la Vieille Ville, et une partie extérieure, avec les tours orientales, à l’extérieur du rempart. Saladin l’Ayyubide marche d’abord sur Jérusalem en 1177, mais il est arrêté en route, à Gézer. En 1187, il réussit à prendre la ville, à la fin d’une campagne victorieuse en Terre Sainte, et les Francs partent après le paiement d’une rançon. Saladin reconstruit ensuite le rempart situé entre les Portes de Damas et de Jaffa, par lequel il a attaqué la ville. En 1219, les remparts sont en grande partie détruits par le gouverneur musulman Al-Muazzem, afin de prévenir le retour des Croisés. Pour la même raison, la forteresse est détruite en 1238 et 1239, puis rebâtie en 1247 par Al-Malik al-Salih Ayyub. Une nouvelle forteresse est reconstruite par le Mamelouk Al-Nasir ibn Kalaoun en 1310. Le mur qui sépare la Citadelle en deux parties est détruit, et de nouveaux bâtiments sont construits sur ses fondations. La forme générale de la citadelle est restée inchangée depuis, à l’exception de quelques ajouts ottomans aux 16e et 17e siècles. Le sultan turc Soliman le Magnifique ajoute ensuite la mosquée, la tourelle et la porte principale de la citadelle. Quant aux remparts, ils sont en partie reconstruits par le roi Al-Adel Zein al-Din en 1295, puis par Al-Malik al-Mansour Qalaoun en 1330. Ils sont à nouveau reconstruits entre 1536 et 1540, dans leur totalité, avec l’ajout de plusieurs tours. = Mauristan Le Mauristan est une zone carrée au sud du Saint-Sépulcre, zone délimitée d’un côté par l’église la plus récente de la Vieille Ville, l’église luthérienne du Rédempteur, et de l’autre par l’église la plus ancienne, l’église Saint-Jean-Baptiste. Ce secteur est le Forum de la Ville pendant les temps romains et byzantins. Les marchands d’Amalfi, habitants du quartier, font ensuite construire trois églises attenant à des hôpitaux-hospices: Saint-Marie-la-Latine pour les hommes, Sainte-Marie-la-Grande pour les femmes et Saint-Jean-Baptiste pour les pauvres. La charge en revient à l’ordre bénédictin. Guillaume de Tyr pense que le monastère de Sainte-Marie vient de la fondation de Charlemagne. Les marchands d’Amalfi restaurent l’ensemble après la destruction d’Al-Hakim, probablement entre 1063 et 1071, date à laquelle les Chrétiens réparent les remparts de la ville [2]. Le secteur est donné aux Chevaliers de Saint-Jean de l’Hôpital, devenus ensuite l’ordre des Hospitaliers, et dont le siège reste au cours des années la petite église Saint-Jean-Baptiste, en souvenir de leurs modestes origines. Le premier maître de l’Hôpital Latin est Gérald. Son successeur et véritable fondateur de l’ordre est Raymond du Puy (1120-1160). La Règle des Hospitaliers date de 1153. C’est à partir de cette date qu’ils ont aussi des activités militaires. Le Mauristan est décrit dans un texte anonyme chrétien, The City of Jerusalem: “A gauche du marché sont les boutiques des bijoutiers latins, et au bout de ces boutiques on trouve un couvent de religieuses qui est appelé Sainte-Marie-la-Grande; et à côté un monastère de moines appelé Sainte-Marie-la-Latine. Ensuite vient la résidence de l’hôpital, avec son entrée principale. A la droite de l’hôpital se trouve l’entrée principale du Sépulcre.” [3] Quand Saladin prend Jérusalem, il autorise dix Hospitaliers à rester un an pour soigner les malades de l’hôpital. Les bâtiments sont ensuite utilisés pour d’autres besoins. Le neveu de Saladin, Shihab al-Dîn, en fait à nouveau un hôpital en 1219. Le nom de Mauristan, qui signifie hôpital en kurde, date de cette époque. Au 15e siècle, le bâtiment peut recevoir 400 pèlerins, mais il commence à tomber en ruines, des ruines qui impressionnent le voyageur Felix Fabri: “A côté du bâtiment dans lequel séjournent les pèlerins, existait autrefois un grand palais, l’habitation majestueuse des nobles chevaliers de Saint-Jean… comme cela peut encore être vu par ces ruines, et par le bâtiment qui est seulement en partie ruiné, qui est si grand que quatre cents pèlerins peuvent y vivre. En face de l’hôpital sont les ruines de vastes remparts, les restes de la maison des Chevaliers Teutoniques, avec lesquels étaient hébergés autrefois les pèlerinages de nobles allemands. A côté de cette même maison se trouvait une autre grande salle, dans laquelle devaient séjourner les femmes pèlerins, puisqu’elles n’étaient en aucun cas autorisées à vivre avec leur mari dans le grand hôpital.” [4] Au 16e siècle, les maçons de Soliman le Magnifique utilisent les immenses ruines comme carrières pour reconstruire les remparts de Jérusalem. Plus tard, une partie de cette zone adandonnée est donnée aux Allemands, qui construisent l’Eglise du Rédempteur à l’emplacement de l’Eglise Sainte-Marie-Latine. La partie ouest est donnée aux Grecs en 1905, et ils y bâtissent leur zone commerciale. = Portes La Porte de Damas est ouverte dans le rempart sud de la ville. Sous la construction actuelle, datant de l’époque de Soliman le Magnifique, on trouve les fondations de la porte croisée qui suit la ligne de la porte romaine, mais qui était fortifiée. Juste après la porte elle-même, la construction croisée forme un angle droit avec la porte des remparts. Cet angle droit permettait de réduire le flot des ennemis entrant dans la ville. Deux des trois portes visibles dans le mur sud du Mont du Temple datent de la période croisée. Ce sont la Porte Simple et la Porte Triple, portes par lesquelles les Croisés accèdent à leurs écuries, les écuries de Salomon. La Porte Simple, située à 37 m de l’angle sud-est du mur, est une construction croisée remaniée par les Mamelouks. La Porte Triple, située à 183 m de l’angle sud-ouest et à 90 m de l’angle sud-est, est une porte double hérodienne transformée à l’époque croisée. = Notes [1] Ses conclusions sont publiées dans: Excavations at the Citadel, in: Palestine Exploration Quarterly, avril 1940. [2] William of Tyre. A History of Deeds Done Beyond The Sea. New York, Columbia University Press, 1943, volume 2, p. 240-245. [3] The City of Jerusalem. Palestine Pilgrims Text Society, volume 6, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 7. [4] The Book of the Wanderings of Felix Fabri. Palestine Pilgrims Text Society, volumes 7-10, 1893. Reprint: New York, AMS Press, 1971, volume 1, p. 395. 5. L'ARCHITECTURE CROISEE RELIGIEUSE [Eglise de la Croix / Gethsémani / Saint-Etienne / Saint-Jacques / Saint-Jean-Baptiste / Saint-Sépulcre / Sainte-Anne / Sainte-Marie-Latine / Tombeau de la Vierge / Notes] De nombreuses églises de Jérusalem témoignent de l’architecture croisée, dans sa splendeur ou ses vestiges. = Eglise de la Croix Le monastère de la Croix est niché dans la verdure d’une vallée de Jérusalem, à côté de l’avenue ben-Zvi, en contrebas de la Knesset et du Musée d'Israël. C’est une relique des jours où cette vallée était le vignoble des rois croisés de Jérusalem. Le monastère est construit entre 1039 et 1056 par le roi Bagrat de Géorgie, sur le site d’une église du 5e siècle. La légende chrétienne veut qu’ait poussé à cet endroit l’arbre dans lequel est taillée la croix de Jésus. L’église actuelle date en grande partie du 11e siècle. Les Géorgiens ont d’excellentes relations avec les Mamelouks. Ceux-ci perdent le monastère en 1300 suite à l’invasion tartare. Restauré en 1305, le monastère est vendu aux Grecs orthodoxes en 1685. = Gethsémani Gethsémani est situé sur le Mont des Oliviers. C’est l’endroit où Jésus se recueille avant d’être arrêté suite à la trahison de Judas. Appelée Eglise de toutes les nations, l’église actuelle date de 1924. Elle est la dernière de toute une série d’églises. La première église fut construite entre 379 et 384 par la communauté chrétienne pré-constantinienne pour commémorer la prière du Christ. Cette église est détruite par un tremblement de terre en 745. Les Croisés construisent ensuite un oratoire dans les ruines, puis le remplacent par une église en 1170. Ils lui donnent une orientation un peu différente afin d’avoir une part de rocher dans chaque abside, une manière d’interpréter matériellement la triple prière du Christ. Le destin de cette église est inconnu. Toujours utilisée en 1323, elle est abandonnée en 1345. = Saint-Etienne L’église Saint-Etienne est située route de Naplouse, à l’est de la Porte de Damas. Construite en 1900, elle est incluse dans les bâtiments de l’Ecole biblique et archéologique française. La première église est construite à l’endroit présumé de la lapidation du saint. Des fouilles révèlent le plan de l’église byzantine, qui appartenait à un immense monastère détruit par les Perses en 614. Une petite chapelle est construite avant 638 par le patriarche Sophronius. Cette chapelle est restaurée par les Chevaliers Hospitaliers. Ils construisent des écuries et des âneries à côté de la chapelle. Ils détruisent l’ensemble pendant l’été 1187 pour éviter que Saladin n’utilise ce point stratégique situé près des remparts. = Saint-Jacques L’église Saint-Jacques est le plus bel édifice religieux du quartier arménien de la Vieille Ville. Selon la tradition arménienne, une église abrite depuis le 4e siècle la tête de Saint Jacques, frère de Saint Jean l’apôtre, décapité par Agrippa Ier en 44. Sa tête est enterrée sous le pavement actuel d’une petite pièce située au nord de la nef de l’église. Toujours selon la tradition arménienne, un deuxième Saint Jacques est enterré sous l’autel principal de l’église. Il s’agirait d’un des trois Jacques de la tradition chrétienne: Jacques fils de Zébédée, l’un des douze apôtres, Jacques fils d’Alpheus, un autre apôtre, ou encore Jacques frère de Jésus [1]. Jusqu’au 7e siècle, le patriarche grec orthodoxe est à la tête de l’Eglise arménienne. Elle a ensuite son propre patriarche. Le patriarche arménien de Jérusalem est considéré comme le successeur de saint Jacques, frère de Jésus. Dans une charte conservée à la bibliothèque du patriarcat arménien, Omar ibn al-Khattab reconnaît les droits du patriarche arménien sur les lieux saints chrétiens de Jérusalem, Bethléem, Naplouse et Samarie. Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien, visite l’église à l’époque croisée: “En bas de la descente et au-delà d’une autre rue, se trouve une grande église construite en l’honneur de saint Jacques le Grand, habitée par des moines arméniens, et ils ont au même endroit un grand hospice pour recevoir les pauvres de leur nation.” [2] Le patriarche arménien est en faveur auprès des Croisés, qui comptent des Arméniens venant de Cilicie. Les Arméniens sont les seuls alliés des Croisés au Moyen-Orient. De nombreux mariages ont lieu entre chevaliers croisés et femmes arméniennes. Les Croisés coopèrent avec enthousiasme à la reconstruction de l’église Saint-Jacques. L’authenticité de la première église est établie puisqu’ils y retrouvent la tête de saint Jacques et la main de saint Etienne. Plus tard, toujours selon la tradition arménienne, Saladin accorde aux Arméniens un firman, à savoir un permis concernant les lieux saints. Après la conquête turque de 1517, le sultan Sélim Ier leur accorde également un firman les assurant de leurs droits et leur donnant autorité sur les communautés syriennes, coptes et éthiopiennes de la ville. A l’origine, l’église Saint-Jacques était très large. Elle est en partie détruite par l’invasion perse, et restaurée au 8e siècle. L’église actuelle, qui date du 11e siècle, est bâtie par les Croisés après la prise de Jérusalem en 1099. On ne voit pas l’abside de l’extérieur. L’arcade romane est haute et étroite, avec une coupole elle aussi tout en hauteur. La superficie est de 17,5 m x 24 m. L’abside est divisée par quatre larges colonnes carrées recouvertes de faïences bleues pour former une nef centrale et des portiques. Les colonnes supportent les huit arches de la coupole. Les murs sont recouverts de carreaux bleus sur une hauteur de deux mètres. Dans le choeur, les trois autels sont: au centre celui de saint Jacques, frère de Jésus, à droite celui de saint Jean-Baptiste, à gauche celui de la Vierge Marie. L’intérieur de l’église est entièrement médiéval. La voûte de la coupole centrale est typiquement arménienne. Les travaux du 12e siècle ont servi à consolider l’édifice des 10e et 11e siècles. La chapelle Saint-Etienne, qui date du 11e siècle, sert à la fois de sacristie et de baptistère. La chapelle de Echmiadzin était sans doute le narthex de l’église médiévale. La porte, à la décoration élaborée, était probablement l’entrée principale. = Saint-Jean-Baptiste Située dans une zone en retrait du Mauristan, l’église est en partie enterrée autour de rues dont le niveau a grimpé avec les siècles. On y entre par la rue du quartier chrétien. Une église existe dès le milieu du 5e siècle. Après sa destruction par les Perses en 614, elle est restaurée par Jean l’Aumônier. Les fondations du 5e siècle sont utilisées par les marchands d’Amalfi pour l’église du 11e siècle. L’église devient ensuite le berceau des Chevaliers Hospitaliers. Voici la description qu’en fait Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien à l’époque croisée: “En face de l’église du Saint-Sépulcre, sur le côté opposé, on trouve une belle église construite en l’honneur de Jean le Baptiste, à côté de laquelle un hôpital reçoit dans plusieurs pièces une multitude énorme de malades, à la fois hommes et femmes, qui sont secourus et soignés chaque jour à très grands frais...” [3] La façade actuelle avec ses deux petits clochers est une addition moderne. = Saint-Sépulcre Le Saint-Sépulcre est situé au coeur du quartier chrétien, dans la partie nord-ouest de la Vieille Ville, au bout de la Via Dolorosa. Construit à l’endroit où Jésus-Christ a été crucifié et enterré, il est considéré comme “la” grande église de la chrétienté. En 326, l’impératrice Hélène, mère de Constantin, fait construire plusieurs églises pour commémorer les grandes étapes de la vie du Christ. Erigée entre 326 et 335, l’église constantinienne reste en place pendant trois cents ans. Elle était la plus grande de Jérusalem, avec une longueur de 115 m. On y entrait par trois portails situés à l’est. L’abside de l’église était à l’ouest, en direction de la tombe de Jésus, celle-ci étant considérée comme le principal site sacré de la chrétienté. Sur la partie supérieure droite de la mosaïque de Madaba, qui montre Jérusalem vers 570, le Saint- Sépulcre est représenté au centre d’une Vieille Ville entourée de remparts. On voit son escalier, ses trois portes, sa basilique et sa coupole. Considéré au 6e siècle comme le monument le plus important de Jérusalem, il a sur la mosaïque une importance considérable par rapport aux 19 autres bâtiments. L’église constantinienne est détruite par les Perses en 614. Le patriarche Modestus utilise les matériaux de l’église pour construire un édifice plus petit. Grâce au pèlerin chrétien Arculfe, on a une description de l’édifice de 680 et un plan, résultat des diagrammes qu’Arculfe fait sur des tablettes de cire [4]. Cette seconde église est détruite par un tremblement de terre en 746. En 967, les Musulmans brûlent la nouvelle église et tuent le patriarche. En 1009, Al-Hakim, gouverneur fatimide d’Egypte, ordonne la destruction de toutes les églises chrétiennes, y compris celle du Saint-Sépulcre. La reconstruction a sans doute lieu entre 1030 et 1048, sous les auspices de l’empereur byzantin Constantin IX Monomaque. Les architectes byzantins sauvent les lignes de la rotonde au-dessus du Sépulcre. Mais ils ne reconstruisent pas l’immense basilique de Constantin le Grand, qui allait du Calvaire à la grande rue du marché. L’emplacement reste un champ de ruines jusqu’à l’arrivée des Croisés. Une galerie supérieure est ajoutée dans la rotonde, ainsi qu’une abside sur le côté est. Le voyageur musulman Nasir-I Khusraw décrit le Saint-Sépulcre de 1047: “L’église actuelle est une très grande construction qui peut contenir 8.000 personnes. L’édifice est très habilement construit de marbres colorés, avec une ornementation et des sculptures. A l’intérieur, l’église est partout ornée de broderie byzantine travaillée avec de l’or et de tableaux. Et ils ont représenté Jésus – que la paix soit avec lui – qui est parfois montré montant un âne. Il existe aussi des tableaux représentant d’autres prophètes, Abraham, par exemple, et Ishmael et Isaac, et Jacob avec son fils – que la paix soit avec eux tous... Dans l’église on trouve une peinture divisée en deux parties représentant le Ciel et l’Enfer. Une partie montre les sauvés au Paradis, alors que l’autre décrit les damnés en Enfer, avec tout ce qu’il y a là-bas. Assurément il n’existe pas d’autre lieu au monde avec une peinture semblable. Dans l’église sont assis un grand nombre de prêtres et de moines qui lisent l’Evangile et disent des prières, jour et nuit ils sont occupés de cette façon.” [5] Nasir-I Khusraw s’intéresse beaucoup aux peintures et les décrit en détail, comme nombre de voyageurs musulmans pendant la période croisée. La religion musulmane interdisant l’art figuratif, ces voyageurs sont fortement intrigués par toutes ces représentations de personnages et scènes bibliques. C’est dans cette église que pleurent les Croisés le 15 juillet 1099 après avoir conquis la ville. Ils restaurent le Dôme de l’église byzantine et la crypte Sainte-Hélène. L’Igoumène Daniel visite la ville en 1106: “L’église de la Résurrection est de forme circulaire; elle comprend douze colonnes monolithiques et six piliers, et elle est pavée de très belles dalles de marbre. Il existe six entrées et galeries avec soixante colonnes. Sous les plafonds, au-dessus des galeries, les saints prophètes sont représentés en mosaïque comme s’ils étaient vivants; l’autel est surmonté d’un portrait du Christ en mosaïque. Le dôme de l’église n’est pas fermé par une voûte de pierre, mais il est formé d’une structure de poutres en bois, de façon que l’église soit ouverte dans sa partie supérieure. Le Saint Sépulcre est sous ce dôme ouvert.” [6] En 1144, la cour intérieure est absorbée par un édifice roman composé d’une basilique surmontée d’un dôme, entre l’église Sainte-Hélène et la Rotonde. Depuis cette époque, l’église du Saint-Sépulcre possède deux dômes, et les cinq sites les plus sacrés du christianisme sont sous un toit. Ancune rénovation majeure n’a été entreprise depuis. Suite à la prise de Jérusalem en 1187, et après de nombreux débats, Saladin décide de laisser le Saint-Sépulcre aux Chrétiens grecs et aux Chrétiens orientaux [7]. En 1555, on rénove les plaques de marbre recouvrant le Tombeau. En 1648, le dôme est restauré. Il menace à nouveau de s’effondrer en 1719, si bien qu’il est consolidé. La mosaïque qui le couvre est découpée en petits morceaux, qui sont vendus comme souvenirs. L’église est endommagée par un incendie en 1808 et réparée l’année suivante. Le dôme actuel est construit entre 1863 et 1868 grâce aux aides financières des gouvernements français, russe et turc. A l’heure actuelle, le Saint-Sépulcre se divise en cinq grandes sections: le Golgotha, la Tombe, la Basilique, le Corridor et la Crypte de la Croix. Il a six occupants: les Catholiques latins, les Grecs orthodoxes, les Catholiques arméniens, les Syriens, les Coptes et les Ethiopiens. Dans l’édifice actuel, la rotonde se trouve sur la gauche de l’entrée du Saint-Sépulcre. Située au-dessus de la tombe de Jésus, la Rotonde est formée de 18 piliers ronds en marbre, qui supportent le dôme. Les piliers sont pris dans de larges blocs carrés pour résister aux tremblements de terre. Le diamètre de la Rotonde est de 20,9 m et la coupole culmine à 21,5 m du sol. Dans la Rotonde, la Tombe de Jésus inclut la Chapelle de l’Ange (de la Résurrection). L’arche byzantine relie la Rotonde, construction du 6e siècle, à l’ouest et l’église croisée, du 12e siècle, à l’est. Dans l’église Sainte-Hélène, les piliers supportant le dôme sont des piliers du 7e siècle. La coupole est restaurée par les Croisés. L’église croisée est située entre l’église Sainte-Hélène et la Rotonde. L’abside de l’église, tournée vers l’est, est restaurée en 1850, puis restaurée à nouveau dans les années 1980. Le centre de l’église est marqué d’une pierre ronde, qui représente l’Omphalos Mundi, le centre du monde pour les Chrétiens, de la même façon que le Rocher de la Fondation sur le Mont du Temple représente le centre du monde pour les Juifs. La façade sud, érigée par les Croisés, se divise en plusieurs parties: portails principaux, dôme du Golgotha et clocher. Les portails principaux sont ornés d’archivoltes sculptées de feuilles d’acanthe et de médaillons. A la droite des portails, le dôme du Golgotha s’élève au-dessus des deux étages du bâtiment. A la gauche des portails, les six étages du clocher sont ramenés à quatre aujourd’hui. A la droite de l’entrée, un escalier conduit au Golgotha. Les marches sont recouvertes de plaques de marbre pour éviter les dépradations. A l’est de l’église Sainte-Hélène, treize marches conduisent à une chapelle croisée, la Chapelle de la Découverte de la Croix, qui est la cave dans laquelle la croix de Jésus et celles des deux voleurs ont été retrouvées. = Sainte-Anne L’église Sainte-Anne, construite en 1140, est le plus bel exemple d’art roman croisé en Terre Sainte. Elle est située dans le quartier musulman de la Vieille Ville, à côté de la porte Saint-Etienne. A l’époque, elle se trouvait être au sud-est de l’église byzantine et de la piscine de Béthesda. Selon la tradition byzantine, la crypte est située à l’endroit où habitaient Marie et ses parents Joachim et Anne. Une église est construite au milieu du 5e siècle. Elle est détruite lors du passage du calife Al-Hakim en 1009. Les Croisés construisent la belle église romane de Sainte-Anne pour commémorer la maison de la Vierge et desservir une communauté de religieuses. Bientôt trop petite pour contenir une communauté toujours croissante, la façade est repoussée de 7 mètres pour gagner de la place. Saladin conquiert Jérusalem en 1187. Le 25 juillet 1192, il transforme l’église en école théologique musulmane appelée Salahiyeh. Au-dessus du portail d’entrée, l’inscription de 588 (1192 selon le calendrier chrétien) invoque l’aide de Dieu pour tous les croyants. Arnold von Harff, pèlerin chrétien, visite Jérusalem à la fin du 15e siècle et force l’interdiction faite aux Chrétiens de pénétrer dans les lieux musulmans: “Nous allâmes vers l’est et arrivâmes à la Maison de Sainte Anne, dont les Chrétiens avaient fait une belle église autrefois, mais maintenant le païen (à savoir le musulman, ndlr) l’a transformé en maison de prière ou mosquée, de façon que les Chrétiens ne puissent y entrer. Mais grâce à une aide secrète nous fûmes autorisés à y entrer. Nous traversâmes le transept, et sur le côté de l’église nous grimpâmes à travers un trou étroit dans l’arcade d’une large fenêtre, forcés de porter des bougies allumées pour y voir, et nous arrivâmes dans une petite pièce voûtée où sainte Anne, la mère de notre Dame Bénie, quitta ce monde. Ensuite nous arrivâmes dans une autre pièce voûtée dans laquelle naquit notre Dame Bénie. Ici est le pardon de tous les péchés... Le jour suivant, le Mamelouk me ramena à l’église du Mont Sion, et personne ne sut que je n’avais pas passé la nuit dans la maison du Mamelouk.” [8] Plus tard, les Turcs commencent à construire un minaret, mais ce projet est abandonné. Après la guerre de Crimée, en 1856, le Sultan Abd-al-Majid donne le site à l’Eglise catholique française, et l’église est restaurée entre 1863 et 1877. Depuis cette époque, elle est la propriété des Pères Blancs, qui fondent aussi un séminaire de théologie et un musée d’antiquités. La Guerre des Six Jours provoque quelques dégâts dont les réparations sont payées par le gouvernement d’Israël. Le plan de l’église est cruciforme. La nef et les deux côtés du transept sont terminés par des absides, comme c’est la coutume dans les églises croisées. L’église a une largeur de 18,5 m et une longueur de 34 m. Sur le mur nord, on voit bien l’endroit à partir duquel la nef a été allongée de 7 mètres pour agrandir l’édifice. La façade penche légèrement vers la gauche pour symboliser la tête penchée du Christ sur la croix. La crypte est plus ancienne que l’église. Les fondations des piliers se confondent avec la structure originale du sanctuaire primitif. = Sainte-Marie-Latine Située dans le Mauristan, l’église du Rédempteur, construite en 1898, épouse le plan de l’église croisée Sainte-Marie-Latine. Elle possède quelques vestiges croisés. La porte de l’entrée nord est médiévale. Elle est décorée des signes du Zodiaque et des symboles des mois. Dans l’hospice attenant au sud de l’église, un magnifique cloître à doubles piliers date du 11e siècle, avec une restauration de l’époque ayyubide datant du 13e siècle. = Tombeau de la Vierge Le Tombeau de la Vierge est situé à Gethsémani, sur le Mont des Oliviers. On l’appelle aussi l’église de l’Assomption. La tombe de la Vierge peut être vue dans une crypte assez profonde qui ressemble à la grotte de la Croix dans l’église du Saint-Sépulcre. Le Nouveau Testament ne dit rien de la mort de Marie. C’est Transitus Mariae, un ouvrage anonyme datant du 2e ou du 3e siècle, qui mentionne son enterrement dans une grotte de la vallée de Jehosaphat. L’existence d’une église est attestée par des auteurs de la fin du 6e siècle. L’église est probablement détruite par les Perses en 614, et reconstruite par la suite puisqu’elle est décrite par Arculfe en 670. Les Croisés trouvent les ruines laissées par le calife Al-Hakim en 1009. En 1130, les Bénédictins reconstruisent une double église, à l’emplacement probable de l’église byzantine. Les Chrétiens l’appellent l’église de l’Assomption, conformément à la croyance chrétienne qui veut que Marie soit montée au ciel. En 1187, Saladin détruit partiellement léglise. Celle-ci est restaurée par les Franciscains au 14e siècle, puis reconstruite par l’Eglise grecque orthodoxe en 1757. La façade et l’escalier monumental datent du début du 12e siècle. On voit aussi la tombe de la Reine Mélisende, morte en 1161, et la niche où sont enterrés d’autres membres de la famille de Baudouin II. Un linteau médíéval surplombe la deuxième porte. Les murs de la grotte de Gethsémani ont été peints au 12e siècle. La superficie de la grotte est de 17 m x 9 m, avec une hauteur maximale de 3,5 m. Le sol était recouvert d’une mosaïque dont il ne subsiste que quelques vestiges. = Notes [1] Har-El (M.). This is Jerusalem. Jerusalem, Steimatsky, 1985, p. 31. [2] John of Wurzburg. Description of the Holy Land. Palestine Pilgrims Text Society, volume 5, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 45. [3] John of Wurzburg. Description of the Holy Land. Palestine Pilgrims Text Society, volume 5, 1896. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 44. [4] Arculfe I, 2-3, 6, 7-8. Cité dans: Peters (F.E.). Jerusalem. Princeton University Press, 1985, p. 204-206. [5] Nasir-I Khusraw. Diary of a Journey Through Syria and Palestine. Palestine Pilgrims Text Society, volume 4, 1893. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 60. [6] The Pilgrimage of the Russian Abbot Daniel in the Holy Land. Palestine Pilgrims Text Society, volume 4, 1895. Reprint: New York, AMS Press, 1971, p. 11-15. [7] Gabrieli (F.). Arab Historians of the Crusades. Berkeley and Los Angeles, University of California Press, 1969, p. 174-175. [8] The Pilgrimage of Arnold von Harff, 1496-1499. London, The Harkluyt Society, NS 94, 1946, p. 211-212. 6. L'ARCHITECTURE AYYUBIDE [Dôme de l’Ascension / Dôme Yûsuf / Koursi `Aïsa / Mosquée de l’Ascension / Notes] La période ayyubide se caractérise par des édifices circulaires tels que le Dôme de l’Ascension, le Dôme Yûsuf, Koursi ‘Aïsa ou la mosquée de l’Ascension. = Dôme de l’Ascension Le Dôme de l’Ascension (Qubbat al-Mi’raj) est édifié au nord-ouest du Dôme du Rocher pour commémorer l’ascension au ciel du Prophète Mahomet. Le texte de la construction, qui la date de 1200, fait état d’un monument plus ancien qui aurait été restauré. Le bâtiment est constitué d’une coupole de bois recouverte de feuilles de plomb et reposant sur un octogone formé d’une série d’arcatures aveugles. Voici la description qu’en fait Chelebi, voyageur musulman, qui visite Jérusalem dans les années 1650: “A la droite d’une niche de prière (le Dôme du Prophète, ndlr) se trouve un joli édifice octogonal avec un dôme, le Dôme de l’Ascension. Chaque côté a deux colonnes d’albâtre, mises en place par un maître maçon. Sa structure est recouverte de marbre blanc, et le dôme est couvert de plomb de qualité, avec un croissant doré sur le haut. Sa porte regarde vers le nord, mais il est maintenant fermé de tous les côtés. Son contenu est inconnu. Il n’a pas de fenêtres, Cels paraîtrait indiscret d’y entrer, puisqu’il a été fermé.” [1] = Dôme Yûsuf Le Dôme Yûsûf (Qubbat Yûsûf) est édifié sur le côté sud de l’esplanade du Haram, à l’ouest de la mosquée al-Aksa. Construit en 1191 par Saladin, il est restauré en 1681. La petite coupole repose sur un carré constitué de trois arcs brisés et d’un mur dans lequel est aménagé un mihrâb sur le côté sud. = Koursi ‘Aïsa Koursi ‘Aïsa est situé dans le Haram, vers l’extrémité nord-ouest de l’esplanade. Koursi ‘Aïsa, qui signifie Siège de Jésus ou Trône de Jésus, est appelé aussi Qubbet Sakfeh Sakhrah, coupole de fragement de roche, ou encore – improprement – Qubbet Souleiman, du nom du calife. Son architecture ressemble au Dôme de l’Ascension, sur le Haram, ou à la mosquée de l’Ascension, sur le Mont des Oliviers. D’après les pères Vincent et Abel, il s’agirait d’un édifice d’origine chrétienne datant du dernier quart du 12e siècle, pendant la période florissante du Royaume Latin. Il pourrait s’agir aussi d’une oeuvre arabe réalisée selon les principes et traditions de l’architecture franque, peu après la reprise de la ville par Saladin [2]. = Mosquée de l’Ascension La mosquée de l’Ascension se dresse au sommet du Mont des Oliviers, à 818 m au-dessus du niveau de la mer. Le Mont des Oliviers est consacré très tôt par les Chrétiens. C’est ici que Jésus assure l’éducation de ses disciples, et qu’a lieu son ascension vers le ciel. Au centre de la mosquée se trouve la pierre selon laquelle, selon la tradition chrétienne, le pied de Jésus se serait appuyé lors de son ascension. Ce site a une telle importance pour les Chrétiens que Constantin érige au 8e siècle une église de l’Ascension. Dans l’esprit des Chrétiens de l’époque, c’est la troisième église par ordre d’importance, après le Saint-Sépulcre et l’église de la Nativité de Bethléem. Arculfe, pèlerin chrétien qui visite Jérusalem en 680, mentionne l’existence de cet édifice juste après sa description de l’église du Saint-Sépulcre, et il fait un dessin du plan de l’église de l’Ascension [3]. Rien ne subsiste de cette église circulaire dont le centre était ouvert sur le ciel. A l’époque médiévale, la construction est entourée d’un monastère fortifié. L’édifice actuel, octogonal et non plus circulaire, date sans doute en grande partie de la période croisée. Il est entouré d’un mur circulaire à l’íntérieur duquel une ligne concentrique de colonnes supporte la coupole. En 1198, Saladin fait don de l’édifice à son successeur. Un toit et un mirhâb sont ajoutés lors de la restauration musulmane de 1200. = Notes [1] Evliya Tshelebi’s Travels in Palestine. Jerusalem, Ariel, 1980, p. 86. [2] Vincent (L.H.) et Abel (F.M.). Jérusalem nouvelle. Paris, J. Gabalda, 1914-1926, volume 3, p. 604-609. [3] Arculfe, I, 23. Cité dans: Peters (F.E.). Jerusalem. Princeton University Press, 1985, p. 206-207. 7. L'ARCHITECTURE MAMELOUKE [Haram al-Sharif mamelouk / Bâb al-Qattânin / Madrasa al-Arghûniyya / Madrasa al-Ashrafiyya / Minaret Bâb al-Asbât / Minaret Fakhriyya / Minaret Ghawânima / Sabîl Qâytbây / Turba al-Sa’diyya / Zâwika al-Kubakiyya / Notes] Les bâtiments mamelouks, nombreux, sont essentiellement situés dans le Haram al-Sharif et autour. En voici quelques-uns [1] dans les pages qui suivent. = Haram al-Sharif mamelouk Les Mamelouks donnent au Haram al-Sharif sa forme présente, en construisant la plupart des bâtiments situés le long du mur occidental. Ils investissent ensuite régulièrement de grosses sommes d’argent pour restaurer et embellir le Haram. Vers 1260, le sultan Baybars fait refaire les mosaïques des huit faces extérieures du Dôme du Rocher. Vingt ans plus tard, le sultan Qalaoun fait réparer le toit d’Al-Aksa. Le fils de Qalaoun, Al-Nasir Mohammad, verse la somme nécessaire à la redorure des coupoles du Dôme du Rocher et d’Al-Aksa. Le Haram n’est pas accessible aux Chrétiens et aux Juifs, qui encourent de grands dangers s’ils s’y aventurent. Certains, qui connaissent les rites musulmans, s’y risquent malgré tout, comme Arnold von Harff en 1496: “Nous arrivâmes au Temple de Salomon (le Dôme du Rocher, ndlr) qui est situé à 160 pas du Temple du Christ (le Saint-Sépulcre, ndlr). Au moyen de dons et d’une aide amicale, je fus introduit dans ce Temple par un Mamelouk. Mais aucun Chrétien ou Juif n’est admis à entrer ici ou à s’approcher de près, parce qu’ils disent et assurent que nous sommes des chiens, et nous ne sommes pas admis à aller dans les lieux saints, sous menace de mort, ce dont j’avais peur. Mais ce Mamelouk me dit que si je voulais aller avec lui un soir, habillé de cette manière, il m’emmènerait au Temple, et que si j’étais reconnu, je devais répondre comme un païen (musulman, ndlr) avec les mots et le langage voulus, et que je devais utiliser les mots et faire les signes que je fus forcé d’utiliser quand j’étais emprisonné à Gaza... grâce à quoi le païen s’excuserait et me laisserait partir, ce qui évidemment arriva. Le Mamelouk vint me chercher une nuit au monastère de Sion et m’emmena dans sa maison, pour pouvoir assurer que j’avais passé la nuit avec lui. Là il me mit des vêtements et m’apprêta comme un Mamelouk. Ensuite nous nous dirigeâmes tous deux vers le Temple de Salomon.” [2] = Bâb al-Qattânin La Bâb al-Qattânin, ou Porte des Cotonniers, est ouverte au milieu du mur ouest du Haram, presqu’en face du Dôme du Rocher, et donne accès au Sûq al-Qattânin, qui s’étend entre le Haram et Tariq al-Wad. Le Sûq al-Qattânin, marché des marchands de coton, est communément appelé ainsi depuis des siècles. Il est le centre commercial du sultan Al-Nasir Mohammad ibn Qalaun et de l’émir Tankiz al-Nasari. En 1336 et 1337, l’émir Tankiz restaure cette porte construite au début de l’ère mamelouke. Elle est la seule entrée du Haram à posséder une façade monumentale sur l’esplanade. L’historien Al-Umari en fait une description en 1347. “C’est une grande Porte qui vient d’être construite et qui est récemment ouverte. Elle comprend dix marches. Sur chaque côté s’élèvent des tribunes... La construction de la porte est parfaite... Son arc est à double voussure et fait de pierre sculptée et colorée. Son inscription est dorée et incrustée dans la pierre. Ses deux portails sont couverts de plaques dorées et en cuivre ciselé.” [3] = Madrasa al-Arghûniyya Une madrasa est une école supérieure où l’on enseigne le Coran, l’exégèse coranique, la Sunna ou tradition du Prophète, le droit religieux et ses applications dans la vie pratique. La madrasa al-Arghûniyya est située en bordure ouest du Haram, sur le côté sud de la Tariq Bab al-Hadid, à côté de la Porte de Fer. Cette madrasa est constituée de plusieurs bâtiments scolaires et de mausolées. Al-Argûniyya est à la fois la madrasa et la tombe d’Argun al-Kamili. Son nom moderne est Dar al-Afifi. Elle est terminée en 1358, un an après la mort de son constructeur Argun al-Kamili, gouverneur de Syrie, enterré ici en octobre 1357. Argun al-Kamili est d’abord gouverneur de Damas et à deux reprises gouverneur d’Alep. La lutte constante des Mamelouks pour le pouvoir le conduit ensuite dans les prisons d’Alexandrie, puis au banissement à Jérusalem. Il meurt en exil à trente ans. = Madrasa al-Ashrafiyya La madrasa Al-Ashrafiyya est en bordure ouest du Haram, entre le minaret Bâb al-Silsila au sud et Al-Uthmaniyya au nord. Al-Ashrafiyya est la madrasa du sultan Qâytbây, terminée en 1482. Avec sa belle façade mamelouke du 15e siècle, cette madrasa est le bâtiment mamelouk le plus connu de Jérusalem. Construite par l’émir Hassan al-Dahari, elle devient la propriété du sultan Qâytbây puis celle de la secte soufique. Démolie en 1475, la madrasa est reconstruite par le sultan Al-Malik al-Ashraf Qâytbây, et terminée en août 1482. L’historien Mujir al-Din la considère comme le troisième joyau du Haram, après le Dôme du Rocher et Al-Aksa. “Quelque temps après, dans l’année 800 (1475-1476 d’après le calendrier chrétien, ndlr), Al-Malik al-Ashraf Qa’it Bay vint à Jérusalem et ne trouva pas le bâtiment à son goût. C’est pourquoi en 884 (1479, ndlr) il envoya les gens de son entourage officiel pour le démolir et pour l’agrandir en le rattachant aux autres constructions. Ils commencèrent à creuser les fondations de l’actuelle madrasa le 14 Sha’ban 885 (19 octobre 1480, ndlr). Les architectes s’acharnèrent au travail, et elle fut terminée le mois de Rajab de 887 (août 1482, ndlr). Ils couvrirent son toit de la même manière que celui de la mosquée al-Aqsa, avec de solides plaques de plomb. Mais ce qui constituait son attrait le plus grand était sa position sur ce noble terrain où elle était devenue le troisième joyau. Ces trois joyaux sont: le Dôme du Rocher, le dôme de l’Aqsa, et cette madrasa.” [4] = Minaret Bâb al-Asbât Dans l’enceinte du Temple, des minarets permettent aux muezzins d’exhorter à la prière cinq fois par jour. On les trouve près des zones habitées de la Vieille Ville et à côté des portes de l’enceinte. Le minaret Bâb al-Asbât est le minaret nord du Haram, sur le portique entre Bâb al-Asbât et Bâb Hitta. Sur le mur nord situé à l’est de la Porte des Tribus, Al-Nasir ibn Qalaoun fait construire une tour vers 1367. La partie supérieure, endommagée par un tremblement de terre, est restaurée en 1927. = Minaret Fakhriyya Le minaret Fakhriyya est le minaret à l’angle sud-ouest du Haram. Il est construit en 1278 par Sharaf al-Din Abdul Rahman, fils de Fakhr al-Din al-Khalili. Il est restauré en 1345 puis en 1922. = Minaret Ghawânima Le minaret Ghawânima est à l’angle nord-ouest du Haram. Au-dessus de la Porte Ghawânima, un minaret est construit en 1297 et 1298 par ordre du sultan mamelouk Al-Mansur Husam al-Din Lajin. Il est restauré en 1329 par Qalaoun. Ses matériaux de construction sont trouvés dans les ruines des bâtiments byzantins détruits par les Perses. Sa façade est décorée de colonnettes comprenant de petites scènes d’art chrétien. Le minaret est restauré à nouveau en 1927. = Sabîl Qâytbây Les fontaines, ou sabîl, sont en général situées auprès des entrées principales du Mont du Temple, pour les ablutions des fidèles se rendant à la mosquée. Le sabîl Qâytbây est sur l’esplanade du Haram, entre le Dôme du Rocher et le mur ouest, à 15 m au nord-est d’Al-Ashrafiyya. Cette fontaine publique est offerte par le sultan Qâytbây en 1482. Des artisans égyptiens la construisent sous la conduite d’un maître d’oeuvre chrétien. La grande taille de la fontaine, qui correspond à celle d’une tombe, vient peut-être du fait que ces artisans étaient des experts en architecture funéraire. Cette fontaine, considérée par certains comme le plus bel édifice du Haram après le Dôme du Rocher, est un superbe exemple d’architecture décorative mamelouke. A l’intérieur, l’inscription ornée courant sur les quatre côtés est composée de citations du Coran. L’inscription donne le nom et la date de la fontaine, et mentionne une restauration en 1883. = Turba al-Sa’diyya La turba Al-Sa’diyya est située sur le côté nord de Tariq Bab al-Silsila, tout près de la porte du Haram. Datée de 1311, cette turba est la tombe de Burhân al-Dîn, juge célèbre qui donne son nom à une chaire de l’époque dite musulmane, restaurée pendant la période mamelouke. Le nom moderne de la turba est Dar al-Khalidi. La tombe possède un bel ornement en stalactites, le plus ancien de ce genre à Jérusalem. La porte est surmontée d’une mosaïque de marbre coloré. = Zâwika al-Kubakiyya La zâwika Al-Kubakiyya est située dans le cimetière musulman de Mamilla, à l’extrémité orientale du parc de l’Indépendance, et à 400 m environ du rempart ouest de la Vieille Ville. Une inscription datée de 1289 l’identifie comme la tombe de l’émir Aidughdi Kubaki. D’abord esclave en Syrie, Aidughdi Kubaki devient le gouverneur de Safed et d’Alep. Un sultan mamelouk nouveau venu l’emprisonne et l’exile à Jérusalem. Il meurt à 60 ans. La construction est formée d’une pièce carrée surmontée d’un dôme, avec réutilisation de matériaux croisés, notamment pour les colonnes d’angle supportant le porche. Les arcades au-dessus de la porte et des baies sont en fait des monolithes qui ont été travaillés pour simuler des assemblages de pierres. = Notes [1] Les noms propres sont orthographiés d’après: Burgoyne (M.H.). Mameluk Jerusalem: An Architectural Study. London, World of Islam Festival Trust, 1987. Cet ouvrage monumental a demandé seize années de recherches à la British School of Archaeology in Jerusalem, créée en 1919. La transcription utilisée est celle de l’Encyclopaedia of Islam, mais ‘q’ remplace ‘k’, et ‘j’ remplace ‘dj’. [2] The Pilgrimage of Arnold von Harff, 1496-1499. London, The Hakluyt Society, NS 94, 1946, p. 207-210. [3] Golvin (L.). Quelques notes sur le Suq al-Qattanin et ses annexes à Jérusalem. Bulletin d’études orientales, volume 20, 1967, p. 101-102. [4] Histoire de Jérusalem et d’Hébron: fragments de la Chronique de Mujir al-Din. Paris, Ernest Lanoux, 1876, p. 143-144, 286-288. 8. PREMIERS ALBUMS DE PHOTOGRAPHIES [Les photographes du 19e siècle / Quelques albums de photos anciennes / Liste de photographes, résidents et voyageurs / Notes] = Les photographes du 19e siècle L’invention de la photographie date de 1839. Les premières photos sont des daguerréotypes, utilisés comme documents de base pour des gravures d’ouvrages. Le premier ouvrage ayant utilisé ce procédé est celui d’Horace Vernet et Frédéric Goupil-Fesquet, Excursions daguériennes, paru en 1841. 120 daguerréotypes sont reproduits en gravures, soit un dizième des collections rapportées d’Orient. Le second ouvrage est celui de Joseph Philibert Girault de Prangey, Monuments arabes d’Egypte, de Syrie et d’Asie Mineure, paru en 1846. Les daguerréotypes ont été pris en 1841. Vient ensuite l’ouvrage religieux de George Skene Keith, Evidence of the Truth of the Christian Religion, illustré de photos de son fils, prises en 1844. Puis celui de Claudius Galen Wheelhouse, Photographic Sketches from the Shores of the Mediterranean, avec des talbotypes de 1849 et 1850. Suite à l’invention par Fox Talbot du talbotype/calotype, qui rend possible l’impression de plusieurs copies à partir d’un seul négatif, Louis-Désiré Blanquart-Evrard, un Français de Lille, étudie le procédé et crée une imprimerie en septembre 1851. Entre 1851 et 1855, il publie 20 albums de photographies. C’est lui qui imprime les albums de Maxime du Camp et d’Auguste Salzmann, les deux pionniers de la photographie en Terre Sainte. En 1849, Maxime du Camp (1822-1894) est délégué par le ministère de l’Instruction publique pour photographier les monuments et les sites du Moyen-Orient. Il est accompagné de son ami Gustave Flaubert. Ils arrivent le 8 août 1850 et restent deux semaines. Ils reviennent avec 214 calotypes. 125 d’entre eux sont imprimés par Blanquart-Evrard et publiés en 1852 par Gide & J. Baudry sous le titre: Egypte, Nubie, Palestine et Syrie: dessins photographiques recueillis durant les années 1849, 1850 et 1851... Ce volume, très coûteux, est le premier livre de voyages à contenir des reproductions photographiques, et en particulier 11 photos de Jérusalem prises en 1850. A la même époque, selon les souvenirs de Mrs Finn, une de ses connaissances, Georges W. Bridges aurait photographié Jérusalem, très exactement pendant l’hiver 1849-1850 [1]. Ses photos seraient donc antérieures à celles de Maxime du Camp. Elles seraient les premières jamais réalisées en Terre Sainte, contrairement à l’idée bien ancrée donnant la paternité des premières photos à Maxime du Camp. L’album de George W. Bridges ne paraît qu’en 1859. Quelques années après, l’archéologue français Louis Félicien de Saulcy, revenant d’un voyage à Jérusalem en 1854, demande l’aide de son ami Auguste Salzmann pour conforter ses thèses archéologiques à l’aide de photographies. Ses thèses diffèrent totalement de celles des autres archéologues français, et ses propres dessins ne sont pas suffisants pour étayer ses démonstrations. Auguste Salzmann (1824-1872) est à la fois artiste peintre et photographe. Il est envoyé pour un séjour de six mois en Terre Sainte, sous l’égide du ministère de l’Instruction publique. Il revient avec 200 calotypes. 174 sont imprimés par Blanquart-Evrard et édités par Gide & Baudry en 1856 dans la grande édition de: Jérusalem: étude et reproductions photographiques de la Ville Sainte, depuis l’époque judaïque jusquà nos jours… La grande édition comprend 174 photographies de grand format (24 x 34 cm). La petite édition comprend 40 photographies parmi les plus belles et les plus intéressantes de la grande édition et réduites de moitié (22 x 16 cm) [2]. Daté de juin 1854, l’avant-propos d’Auguste Salzmann débute ainsi: “Au mois de septembre 1853, j’avais résolu de retourner dans les îles de l’Archipel, où j’avais déjà passé un été, afin d’y étudier les monuments chrétiens. Vers la même époque parut un ouvrage qui souleva de nombreuses et vives discussions; de nouvelles opinions venaient d’être émises sur les monuments judaïques de Jérusalem. M. de Saulcy venait de publier son voyage en Syrie et à la Mer Morte. Qui était dans le vrai? Devait-on repousser, sans examen, les observations et les théories de l’homme qui venait de passer une année entière à parcourir la Palestine, à l’étudier à fond, et soutenir ceux qui, sans quitter leur fauteuil, se faisaient les défenseurs d’anciennes opinions passées à l’état de traditions? Par sa publication savante, M. de Saulcy renversait bien des idées accréditées jusqu’à ce jour. – Il n’y avait à Jérusalem plus de vestige de l’architecture judaïque. – C’était chose convenue: et lui venait, la Bible et l’histoire à la main, prouver que les monuments qui, jusqu’ici, avaient été considérés comme étant de la décadence grecque ou romaine, étaient bien réellement de l’époque juive. Il fallait, ou bien du courage, ou une conviction bien arrêtée, pour ne pas reculer devant la lutte qui allait s’engager, lutte à laquelle bien des inconnus allaient prendre part. Dans ces circonstances, je modifiai mon itinéraire, croyant rendre un vrai service à la science, en étudiant et surtout en reproduisant par la photographie tous les monuments de Jérusalem, principalement ceux dont l’origine était contestée.” Il décrit ensuite son plan de travail pour le recensement des monuments: les monuments judaïques, les antiquiés judaïques grecques et romaines, les monuments chrétiens et les monuments arabes. Et il termine son avant-propos ainsi: “Après quatre mois d’un travail incessant, je rapporte une collection d’environ cent cinquante clichés… Les opinions que l’on a combattues sans voir, je viens les défendre, moi qui ai bien vu, et mes photographies aidant, il faudra bien que la vérité se fasse jour. Alors se tairont probablement ces savants qui, craignant les fatigues d’un long voyage, aiment mieux trancher les questions à distance que d’ajouter foi aux récits d’autrui. Les photographies ne sont plus des récits, mais bien des faits dotés d’une brutalité concluante...” Cette dernière phrase fait écho à celle du Révérend Albert Augustus Isaacs dans The Dead Sea, 1857: “Nous savons bien combien le crayon peut être traître et décevant; par contre un fac-similé de la scène peut être donné grâce à la photographie.” De nombreux photographes suivent les pas de ces précurseurs. Louis de Clercq (1836-1901) arrive en Terre Sainte en 1859 pour accompagner une mission scientifique. Son ouvrage Voyage en Orient comprend cinq volumes de photos. Un photographe allemand, August Jacob Laurent, publie un album contenant 112 de ses photos, prises entre 1852 et 1860. Francis Frith (1822-1898) est le premier photographe professionnel à couvrir systématiquement la Terre Sainte, à partir de 1856. Il publie plusieurs ouvrages, dont Cairo, Sinai, Jerusalem and the Pyramids of Egypt, avec de nombreuses photos, Egypt, Sinai and Palestine, publié à Londres chez Mackenzie vers 1862, avec 75 photos, et The Bible in Photographs, dont l’édition est limitée à 170 exemplaires. Ermete Pierotti est architecte du pacha turc de Jérusalem entre 1854 et 1862. Son livre, Jerusalem Explored, publié à Londres en 1864, comprend de belles lithographies faites à partir de ses photos. Il est possible que les photos ne soient pas les siennes, mais celles de son collaborateur John Mendel Diness [3]. Dirigé par Charles William Wilson en 1864 et 1865, le très beau travail de la British Royal Engineers Ordnance Survey est considéré comme la première étude scientifique de Jérusalem et de ses sites. Les photos sont l’oeuvre du sergent J. McDonald. Ce sont essentiellement des photos d’architecture, de grande qualité, et elles représentent un tourant dans l’histoire de la photographie en Terre Sainte [4]. Le premier photographe résidant à Jérusalem est le patriarche arménien Yessayi Garabedian, qui exerce son activité pendant une dizaine d’années, entre 1850 et 1860. Puis, considéré comme le grand photographe du 19e siècle, Félix Bonfils, qui publie en 1878 Souvenirs d’Orient: album pittoresque des sites, villes et ruines les plus remarquables de la Terre Sainte, à partir de stéréographes pris entre 1867 et 1878. Certains photographes travaillent ensemble, par exemple, à partir des années 1850, le groupe des photographes arméniens autour du patriarche Yessayi Garabedian, ou les photographes russes Joseph Carmi, Petro Slatev, Ivan Ishenko ou Anton Michail Karamanov, ou les photographes du Palestine Exploration Fund dirigés par H. Phillips à partir de 1865, ou ceux de l’American Colony Elijah Meyers, Frederick Vester, Lewis Larson, John Whiting et Eric Matson, ou encore les moines dominicains de l’Ecole biblique et archéologique française, sous la direction du Père Savignac. Le spécialiste de la civilisation musulmane et de l’archéologie arabe Max van Berchem fait plusieurs séjours à Jérusalem entre 1888 et 1914. Dès son premier court séjour, à la fin mars 1888, il recueille un certain nombre d’inscriptions et les photographie à l’aide de clichés de verre. En 1892, 1893, 1894 et 1914, il revient à Jérusalem, et surtout au Haram, pour prendre tout un ensemble de photographies et d’estampages, et prendre aussi des notes en vue de la rédaction de son futur ouvrage: Matériaux pour un Corpus Inscriptionum Arabicarum [5]. Sur un feuillet placé en en-tête du volume de planches, il présente l’ensemble de son travail: “Les planches de ‘Jérusalem’ ont dû être livrées au public avant les deux volumes de texte, ‘Ville’ et ‘Haram’. Ces volumes, qui paraîtront sous peu (en avril 1920 pour les planches, et en 1922 et 1927 pour le texte, ndlr), renfermeront l’édition complète des 300 inscriptions de Jérusalem, avec d’amples commentaires touchant la topographie, l’histoire et l’archéologie de la Ville Sainte à l’époque musulmane... La plupart des sujets, monuments et inscriptions sont reproduits dans l’état de 1914, date de la dernière campagne de l’auteur.” Max van Berchem ne voit pas la publication des deux volumes de texte. Il repart en Orient avant l’hiver 1920, mais des problèmes de santé l’obligent à revenir en Suisse quelques semaines plus tard. A son grand désespoir, il doit abandonner ses travaux. Il meurt le 7 mars 1921. Sa famille confie la publication des deux volumes de texte à son ami Gaston Wiet qui, dans l’avant-propos du premier volume, présente ce recueil comme le “résultat de deux explorations de la Ville Sainte et de vingt années de recherches patientes à travers les oeuvres arabes et les relations des pèlerins et des voyageurs occidentaux.” Les photographies de Max van Berchem sont maintenant la propriété de la Fondation Max van Berchem, à Genève. Une sélection de photos est publiée par Marguerite Gautier-van Berchem en 1978 [6]. A la page 14, on voit Max van Berchem juché sur une échelle en train de retirer l’estampage d’une inscription sise entre deux arcades. On ne peut avoir qu’admiration pour le travail absolument colossal qu’il a effectué sur le terrain. = Quelques albums de photos anciennes Aux éditions Ariel, à Jérusalem, ont paru entre 1978 et 1980 trois recueils de photographies anciennes rassemblées par Ely Schiller: The First Photographs of Jerusalem: The Old City (1978), The First Photographs of Jerusalem: The New City (1979), The First Photographs of Jerusalem & The Holy Land (1980). Dans ces trois ouvrages reliés (28 x 23 cm), avec jaquette, Ely Schiller a regroupé des photos de collections publiques et privées. Les photos occupent le plus souvent une page toute entière. Certaines occupent la moitié d’une page ou une double page. Le texte d’introduction et les légendes sont en anglais et en hébreu. En 1980, Tim N. Gidal publie 42 photos émanant de sa collection personnelle dans Ewiges Jerusalem 1850-1910. Il s’agit d’un luxueux livre relié (49 x 36 cm), avec jaquette, publié par la Photogalerie Bucher, maison d’édition spécialisée basée à Lucerne et Francfort. Une présentation de la Jérusalem de l’époque précède 40 reproductions de photographies en pleine page (38 x 28 cm). S’y trouvent de nombreux portraits et photos de groupes, mais aussi quelques photos d’architecture. La première photo est une vue d’ensemble de Jérusalem prise par le médecin C.G. Wheelhouse en 1849. Il s’agit d’une vue de la ville prise du rempart nord, avec le Dôme du Rocher et le Mont des Oliviers. Ce talbotype est considéré comme la photo la plus ancienne jamais prise de Jérusalem. Compilé par Eyal Onne, en collaboration avec Dror Wahrmann, Jerusalem: A Profile of a Changing City raconte l’histoire de la photographie à Jérusalem et, à travers les photos choisies, l’histoire du développement de la ville au cours de la seconde moitié du 19e siècle. Les oeuvres des 47 photographes sélectionnés sont pour la plupart inédites. Publié en 1985, ce bel ouvrage relié (22 x 28 cm) est publié par le Jerusalem Institute for Israel Studies pour accompagner l’exposition du même nom présentée à Mishkenot Sha’ananim et à la cinémathèque de Jérusalem en 1985 et 1986. = Liste de photographes, résidents et voyageurs Nombreux sont les photographes ayant photographié Jérusalem à partir de 1839 [7]. Voyageurs ou résidents, leurs buts sont variés: commercial, archéologique, scientifique, religieux ou artistique. 1839-1840: Horace Vernet et Frédéric Goupil-Fesquet (voyageurs) 1842: Joseph Philibert Girault de Prangey (voyageur) 1844: Joseph Skene Keith (voyageur) 1849-1850: Claudius Galen Wheelhouse (voyageur) 1850 (août): Maxime du Camp (1822-1894) (voyageur) 1852-1860: August Jacob Laurent (voyageur) 1854: Auguste Salzmann (1824-1872) (voyageur) 1854-1862: Ermete Pierotti (voyageur) 1856: Albert Augustus Isaacs (voyageur) 1857: James Robertson (voyageur) 1857: Felice Beato (voyageur) 1858, 1860: Francis Frith (1822-1898) (voyageur) 1859: Louis de Clercq (1836-1901) (voyageur) 1860: John Cramb (voyageur) 1860: Alois Payer (voyageur) 1860-1865: Frank Mason Good (voyageur) 1861: John Antony (voyageur) 1861: Yessayi Garabedian (résident) 1863-1865: William James (voyageur) 1863-1873: Peter Bergheim (résident) 1865-1875: Photographes du Palestine Exploration Fund, avec H. Phillips (voyageurs) 1866: James McDonald, avec le British Ordnance Survey (voyageur) 1867-1880: Félix Bonfils (1831-1885) (résident) 1868: Jules Andrieu (voyageur) 1868-1869: Photographes du British War Office (voyageurs) 1870?: A. Braun (?) 1870?: Giacomo Brogi (1822-1881) (voyageur) 1870?: B. Kuhn (?) 1870?: Leon & Levi (frères Bisson?) 1870?: F. Quarelli (voyageur) 1870-1900: Garabed Krikorian, ancien élève de Yessayi Garabedian (résident) 1872: Charles Bierstadt (voyageur) 1875: Benjamin-West et Edward Kilburn (voyageurs) 1878-1894: Adrien Bonfils, fils de Félix Bonfils (résident) 1880-1890: L. Fiorillo (résident) 1880-1890: Zangaki Frères (résidents) 1880-1914: Jacob Hotimsky (résident) 1882: Edward Wilson (?) 1887: E. et F. Thevoz (?) 1888: Cecil V. Shadbolt (?) 1890-1910: G.V. Trifunovich (résident) 1890-1948: Militiade Savvides (résident) 1892: Francis Bedford (?) 1894: Robert Edward Bain (?) 1894-1910: Bruno Hentschel (résident) 1894: Yeshayahu Raffalovich (résident) 1894: Avraham Aharon Ritavsky (résident) 1898-1946: Photographes de l’American Colony et Eric Matson (résidents) 1900: Hornstein (?) 1900: Photographes de l’Ecole biblique et archéologique française, avec le Père Savignac (résidents) 1910: Jacob Ben-Dov (?) 1912: Leo Kahn (résident) = Notes [1] Finn (E.). Reminiscences of Mrs Finn. London, Marshel Morgan & Scott, 1929, p. 80-89. [2] Prospectus du livre publié par Gide et J. Baudry, libraires-éditeurs. [3] Onne (E.). Jerusalem in the 19th Century. Beehive of Photographic Activity, in: Jerusalem. Profile of a Changing City 1985, p. 65. [4] Wilson (C.W.). Ordnance Survey of Jerusalem. 1865. Réimpression: Jérusalem, Ariel, 1980. [5] Mémoires de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire. Le Caire, Institut français d’archéologie orientale, 1922-1927. 3 vol. in-folio: texte (tomes XLIII et XLIV) et planches (tome XLV). [6] Gautier-van Berchem (Marguerite). La Jérusalem musulmane dans l’oeuvre de Max van Berchem. En collaboration avec S. Ory. Lausanne, édition des Trois Continents, 1978. [7] Les dates données sont souvent approximatives. La mention “résident” indique que le photographe réside à Jérusalem, ou tout au moins qu’il a un studio à Jérusalem, même si le studio principal est ailleurs, par exemple à Beyrouth pour Félix et Adrien Bonfils ou Tancrède Dumas, à Port Saïd pour les frères Zangaki ou à Assouan pour L. Fiorillo. 9. BIBLIOGRAPHIE [Ouvrages généraux // Périodiques // Histoire médiévale / générale / musulmane et mamelouke / croisée // Récits de voyageurs, pèlerins et historiens // Architecture / musulmane et mamelouke / croisée // Cartes et plans // Albums de photos anciennes / d'époque / récents] = Ouvrages généraux Abel (F.M.). 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Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 2. 3/ [Ci-contre, une vue d'ensemble de Jérusalem avec, en son centre, la coupole dorée du Dôme du Rocher, joyau de Jérusalem, construit entre 692 et 697. Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 3. 4/ [Ci-contre, la Porte de Damas, dans le rempart sud de la Vieille Ville. Ses fondations datent de la période croisée. Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 4. 5/ [Ci-contre, le monastère de la Croix, construit entre 1039 et 1056 dans une vallée qui était le vignoble des rois croisés. Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 5. 6/ [Ci-contre, les toits de la Vieille Ville avec, au fond, le Mont des Oliviers et l'église de l'Ascension visible au sommet. L'église était devenue une mosquée pendant la période ayyubide. Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 6. 7/ [Ci-contre, la vaste esplanade du Haram al-Sharif, avec le Dôme du Rocher en son milieu. Ce sont les Mamelouks qui ont donné au Haram al-Sharif sa forme présente. Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 7. 8/ [Ci-contre, la Vieille Ville, avec les coupoles du Saint-Sépulcre au fond (centre droit). Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 8. 9/ [Ci-contre, les nouveaux quartiers de Jérusalem. Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 9. 10/ [Ci-contre, un rempart de la Vieille Ville, près de la Porte d'Hérode. Photo de Marie-Joseph Pierre.] Illustration du chapitre 9. 10. INDEX Abbassides, dynastie musulmane Abd al-Majid, sultan ottoman Abd al-Malik, calife omeyyade Abel F.M., archéologue Abu Jaafar al-Mansur, calife Adel Zein al-Din (Al-), mamelouk Ahima’as, chroniqueur juif Ahmed ibn-Touloun, calife Aidughdi Kubaki, mamelouk Aksa, mosquée Amalfi, marchands d’ American Colony, photographes Amico Bernardino, cartographe Andrieu Jules, photographe Antony John, photographe Architecture ayyubide Architecture croisée civile Architecture croisée religieuse Architecture mamelouke Architecture musulmane Arculfe, pèlerin chrétien Arghûniyya, madrasa al- Argun al-Kamili, mamelouk Ariz (Al-), calife Armenian Photographers Arméniens, chrétiens Arnold von Harff, pèlerin Ascension, dôme de l’ Ascension, église de l’ Ascension, mosquée de l’ Ashraf (Al-), mamelouk Ashrafiyya, madrasa al- Assomption, église de l’ Assomptionnistes, photographes Ayaub, sultan d’Egypte Ayyubides, dynastie musulmane Bâb al-Asbât, minaret du Bâb al-Qattânin Bâb al-Silsila, minaret du Bagrat, roi de Géorgie Bahat Dan, historien et cartographe Bain Robert Edward, photographe Baladhuri, historien musulman Balian d’Ibelin, chef croisé Barka Khân, turba de Baudouin I, roi latin de Jérusalem Baudouin II, roi latin de Jérusalem Baybars, sultan mamelouk Beato Felice, photographe Bedford Francis, photographe Ben-Dov Jacob, photographe Bénédictins, moines Benjamin de Tudèle, voyageur juif Bergheim Peter, photographe Bernard de Clairvaux, théologien chrétien Bethléem Bible Bierstadt Charles, photographe Blanquart-Evrard Louis-Désiré, photographe Bonfils Adrien, photographe Braun A., photographe Bridges George W., photographe British Ordnance Survey, archéologues British War Office, photographes Brogi Giacomo, photographe Buenting Heinrich, cartographe Burhân al-Dîn, chaire de Burhân al-Dîn, juge musulman Carmi Joseph, photographe Chaîne, dôme de la Chaire de Burhân al-Dîn Charlemagne, roi franc Chelebi, voyageur musulman Chevaliers Teutoniques Chrétiens Chrétiens arméniens Chrétiens coptes Chrétiens éthiopiens Chrétiens d’Europe Chrétiens géorgiens Chrétiens grecs Chrétiens latins Chrétiens orientaux Chrétiens syriens Christ Christianisme Citadel Museum Collection Citadelle Clercq Louis de, photographe Constantin le Grand, empereur romain Constantin IX Monomaque, empereur byzantin Coptes, chrétiens Coran Cotonniers, marché des Cotonniers, porte des Cramb John, photographe Creswell K.A.C., orientaliste Croisades Croisés Daniel Igoumène, pèlerin chrétien Dar al-Afifi, voir: madrasa al-Arghûniyya Dar al-Khalidi, voir: turba al-Sa’diyya Dawâdâriyya, madrasa al- Diness John Mendel, photographe Dôme de l’Ascension Dôme de la Chaîne Dôme du Rocher Dôme Yûsuf Dominicains, moines Du Camp Maxime, photographe Dumas Tancrède, photographe Ecole biblique et archéologique française Eglise de la Croix Eglise Saint-Etienne Eglise Saint-Jacques Eglise Saint-Jean-Baptiste Eglise Saint-Julien Eglise du Saint-Sépulcre Eglise Sainte-Agnès Eglise Sainte-Anne Eglise Sainte-Marie-des-Allemands Eglise Sainte-Marie-la-Grande Eglise Sainte-Marie-Latine El-Aqsa, voir: mosquée al-Aksa Ethiopiens, chrétiens Fakhriyya, minaret Farouk, roi d’Egypte Fatimides, dynastie musulmane Feisal, roi d’Iraq Felix Fabri, pèlerin chrétien Finn Mrs, écrivain Fiorillo L., photographe Flaubert Gustave, écrivain et voyageur Foucher de Chartres, chroniqueur croisé Franciscains, moines Franklin G.E., photographe Frederic II, empereur d’Allemagne Frith Francis, photographe Garabedian Yessayi, photographe Gautier-van Berchem Marguerite, orientaliste Géorgiens, chrétiens Gérald, maître de l’Hôpital Gethsémani Ghâdiriyya, madrasa al- Ghawânima, minaret Gidal Tim N., collectionneur de photos Girault de Prangey Joseph Philibert, photographe Godefroi de Bouillon, premier chef latin de Jérusalem Good Frank Mason, photographe Goupil-Fesquet Frédéric, photographe Graves, photographe Grecs, chrétiens Grober K., photographe Guillaume de Tyr, historien croisé Hakim (Al-), calife Haram al-Sharif Haroun al-Rachid, calife abbasside Hassan al-Dahari, mamelouk Hélène, mère de Constantin le Grand Hentschel Bruno, photographe Hornstein, photographe Hospitaliers, chevaliers Hotimsky Jacob, photographe Ibn al-Faqih, géographe musulman Ibn Wasil, historien musulman Imad al-Din, historien musulman Isaacs Albert Augustus, photographe Isabelle de Brienne, reine latine de Jérusalem Is’ardiyya, madrasa al- Ishenko Ivan, photographe Islam James William, photographe Jâmi Umar, minaret de Jean de Wurzbourg, pèlerin chrétien Jean l’Aumônier, évêque d’Alexandrie Jérusalem, cartes Jérusalem, histoire Jérusalem, iconographie Jérusalem, photos Jérusalem, rues Jésus-Christ Johns C.N., archéologue Judaïsme Juifs Kahn Leo, photographe Kamil (al-), sultan égyptien Karamanov Anton Michail, photographe Keith George Skene, photographe Kilburn Benjamin-West et Edward, photographes Koursi ‘Aïsa Kubakiyya, zâwika al- Kuhn B., photographe Kulthum ibn Ziyad, historien musulman Lagrange Marie-Joseph, père dominicain Larson Lewis, photographe Laurent Auguste Jacob, photographe Lees George Robinson, photographe Leon & Levi, photographes Lortet Louis Charles, photographe MacDonald J., photographe Madaba, mosaïque de Madrasa Arghûniyya Madrasa Ashrafiyya Madrasa Dawâdâriyya Madrasa Ghâdiriyya Madrasa Is’ardiyya Madrasa Manjakiyya Madrasa Sallâmiyya Madrasa Tankiziyya Madrasa Tashtamuriyya Madrasa Tâziyya Mahdi (Al-), calife abbasside Mahomet Malik al-Ashraf Qaytbay (Al-), mamelouk Malik al-Mansur Qalaoun (Al-), mamelouk Malik al-Salih Ayyub (Al-), mamelouk Mamelouks Manjakiyya, madrasa al- Mansur Husam al-Din Lajin (Al-), mamelouk Marie, mère de Jésus Matson Eric, photographe Mauristan Mawlawiyya, mosquée de, voir: église Sainte-Agnès Mecque (La) Médine Mélisende, reine croisée Meyers Elijah, photographe Minaret Bâb al-Asbât Minaret Bâb al-Silsila Minaret Fakhriyya Minaret Ghawânima Minaret Jâmi Umar Minaret Mu’azzamiyya Minbar al-Dîn, voir: chaire de Burhân al-Dîn Modestus, patriarche Mont du Temple Mosaïques Moshe ben Nahman, rabbin, voir: Ramban Mosquée al-Aksa Mosquée de l’Ascension Mu’azzamiyya, minaret du Muazzem (Al-), sultan ayyubide Mujir al-Din, historien musulman Muqaddasi (Al-), géographe musulman Musulmans Muthîr al-Ghirâm, texte musulman Nasir-I Khusraw, voyageur musulman Nasir ibn Qalaoun (Al-), sultan mamelouk Nur al-Din, gouverneur musulman de Syrie Omar, second calife musulman Omeyyades, dynastie musulmane Onne Eyal, photographe Ostheim, photographe Ottomans Ovadia de Bartinora, visiteur juif Palestine Palestine Exploration Fund, photographes Paltiel, rabbin Payer Alois, photographe Pères Blancs Peters F.E,, historien Phillips H., photographe Photographes Pierotti Ermete, photographe Porte des Cotonniers, voir: Bâb al-Qattânin Porte de Damas Porte Simple Porte Triple Qalaoun, sultan mamelouk Qaytbay, sultan mamelouk Quarelli F., photographe Qubbat, voir: dôme Raad C., photographe Raffalovich Yeshayahu, photographe Ramban, rabbin Raymond du Puy, fondateur des Hospitaliers Rédempteur, église du Ribat al-Zamanî Ritavsky Avraham Aharon, photographe Robertson James, photographe Rocher, dôme du Rocher sacré Sabil Qâytbây Sachs M.E., photographe Sa’diyya, turba al- Saint-Jean de l’Hôpital, chevaliers de, voir: Hospitaliers Sainte-Croix, voir: église de la Croix Sakhra, qubbat al-, voir: Dôme du Rocher Saladin, sultan ayyubide Salah al-Din, voir: Saladin Sallâmiyya, madrasa al- Salman ban Yeruham, écrivain karaïte Salomon, temple de Salzmann Auguste, photographe Saulcy Louis Félicien de, archéologue Savignac, père dominicain et photographe Savvides Militiade, photographe Schiller Ely, éditeur de photos Séleucides, turcs Selim I, sultan ottoman Shadbolt Cecil V., photographe Sharaf al-Din Abdul Rahman, mamelouk Shihab al-Din, ayyubide Shlomo ben Yehuda, rabbin de Jérusalem Slatev Petro, photographe Smith G.A., photographe Sobernheim, photographe Soliman le Magnifique, sultan ottoman Sophronius, patriarche de Jérusalem Suliman, calife omeyyade Sûq al-Qattânin Syriens, chrétiens Tabari, historien musulman Talbot Fox, photographe Tancrède, chef croisé Tankiz al-Nasari, gouverneur mamelouk Tankiziyya, madrasa al- Tashtamuriyya, madrasa al- Tâziyya, madrasa al- Temple de Salomon Templiers, chevaliers Thevoz E. et F., photographes Tombeau de la Vierge Tour de David, voir: citadelle Trifunovich G.V., photographe Turba Barba Khân Turba Sa’diyya Turba Turkân Khâtûn Turcs séleucides Turkân Khâtûn, turba de Umari (Al-), historien musulman Underwood & Underwood, éditeurs de photos Urbain II, pape Van Berchem Marguerite, voir: Gautier-van Berchem Marguerite, orientaliste Van Berchem Max, orientaliste et photographe Vernet Horace, photographe Vester Frederick, photographe Via Dolorosa Vincent L.H., archéologue Walid (Al-), calife omeyyade Wheelhouse Claudius Galen, photographe Whiting John, photographe Wiet Gaston, orientaliste Wilson Charles William, archéologue Wilson Edward, photographe Ya’qubi, historien musulman Yessayi, voir: Garabedian Yessayi Yûsûf, dôme Zahir (Al-), calife fatimide Zamakhshari (Al-), commentateur du Coran Zamanî, Ribat al-, voir: ribat al-Zamanî Zangaki frères, photographes Zâwika al-Kubakiyya Copyright © 2006 Marie Lebert End of the Project Gutenberg EBook of La Jérusalem médiévale, by Marie Lebert *** END OF THIS PROJECT GUTENBERG EBOOK LA JÉRUSALEM MÉDIÉVALE *** ***** This file should be named 27042-0.txt or 27042-0.zip ***** This and all associated files of various formats will be found in: http://www.gutenberg.org/2/7/0/4/27042/ Produced by Al Haines Updated editions will replace the previous one--the old editions will be renamed. Creating the works from public domain print editions means that no one owns a United States copyright in these works, so the Foundation (and you!) can copy and distribute it in the United States without permission and without paying copyright royalties. Special rules, set forth in the General Terms of Use part of this license, apply to copying and distributing Project Gutenberg-tm electronic works to protect the PROJECT GUTENBERG-tm concept and trademark. Project Gutenberg is a registered trademark, and may not be used if you charge for the eBooks, unless you receive specific permission. If you do not charge anything for copies of this eBook, complying with the rules is very easy. You may use this eBook for nearly any purpose such as creation of derivative works, reports, performances and research. They may be modified and printed and given away--you may do practically ANYTHING with public domain eBooks. Redistribution is subject to the trademark license, especially commercial redistribution. *** START: FULL LICENSE *** THE FULL PROJECT GUTENBERG LICENSE PLEASE READ THIS BEFORE YOU DISTRIBUTE OR USE THIS WORK To protect the Project Gutenberg-tm mission of promoting the free distribution of electronic works, by using or distributing this work (or any other work associated in any way with the phrase "Project Gutenberg"), you agree to comply with all the terms of the Full Project Gutenberg-tm License (available with this file or online at http://www.gutenberg.org/license). Section 1. General Terms of Use and Redistributing Project Gutenberg-tm electronic works 1.A. By reading or using any part of this Project Gutenberg-tm electronic work, you indicate that you have read, understand, agree to and accept all the terms of this license and intellectual property (trademark/copyright) agreement. 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It exists because of the efforts of hundreds of volunteers and donations from people in all walks of life. Volunteers and financial support to provide volunteers with the assistance they need, is critical to reaching Project Gutenberg-tm's goals and ensuring that the Project Gutenberg-tm collection will remain freely available for generations to come. In 2001, the Project Gutenberg Literary Archive Foundation was created to provide a secure and permanent future for Project Gutenberg-tm and future generations. To learn more about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation and how your efforts and donations can help, see Sections 3 and 4 and the Foundation web page at http://www.pglaf.org. Section 3. Information about the Project Gutenberg Literary Archive Foundation The Project Gutenberg Literary Archive Foundation is a non profit 501(c)(3) educational corporation organized under the laws of the state of Mississippi and granted tax exempt status by the Internal Revenue Service. The Foundation's EIN or federal tax identification number is 64-6221541. Its 501(c)(3) letter is posted at http://pglaf.org/fundraising. Contributions to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation are tax deductible to the full extent permitted by U.S. federal laws and your state's laws. The Foundation's principal office is located at 4557 Melan Dr. S. Fairbanks, AK, 99712., but its volunteers and employees are scattered throughout numerous locations. Its business office is located at 809 North 1500 West, Salt Lake City, UT 84116, (801) 596-1887, email business@pglaf.org. Email contact links and up to date contact information can be found at the Foundation's web site and official page at http://pglaf.org For additional contact information: Dr. Gregory B. Newby Chief Executive and Director gbnewby@pglaf.org Section 4. Information about Donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation Project Gutenberg-tm depends upon and cannot survive without wide spread public support and donations to carry out its mission of increasing the number of public domain and licensed works that can be freely distributed in machine readable form accessible by the widest array of equipment including outdated equipment. Many small donations ($1 to $5,000) are particularly important to maintaining tax exempt status with the IRS. The Foundation is committed to complying with the laws regulating charities and charitable donations in all 50 states of the United States. Compliance requirements are not uniform and it takes a considerable effort, much paperwork and many fees to meet and keep up with these requirements. We do not solicit donations in locations where we have not received written confirmation of compliance. 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Hart is the originator of the Project Gutenberg-tm concept of a library of electronic works that could be freely shared with anyone. For thirty years, he produced and distributed Project Gutenberg-tm eBooks with only a loose network of volunteer support. Project Gutenberg-tm eBooks are often created from several printed editions, all of which are confirmed as Public Domain in the U.S. unless a copyright notice is included. Thus, we do not necessarily keep eBooks in compliance with any particular paper edition. Each eBook is in a subdirectory of the same number as the eBook's eBook number, often in several formats including plain vanilla ASCII, compressed (zipped), HTML and others. Corrected EDITIONS of our eBooks replace the old file and take over the old filename and etext number. The replaced older file is renamed. VERSIONS based on separate sources are treated as new eBooks receiving new filenames and etext numbers. Most people start at our Web site which has the main PG search facility: http://www.gutenberg.org This Web site includes information about Project Gutenberg-tm, including how to make donations to the Project Gutenberg Literary Archive Foundation, how to help produce our new eBooks, and how to subscribe to our email newsletter to hear about new eBooks. EBooks posted prior to November 2003, with eBook numbers BELOW #10000, are filed in directories based on their release date. If you want to download any of these eBooks directly, rather than using the regular search system you may utilize the following addresses and just download by the etext year. http://www.ibiblio.org/gutenberg/etext06 (Or /etext 05, 04, 03, 02, 01, 00, 99, 98, 97, 96, 95, 94, 93, 92, 92, 91 or 90) EBooks posted since November 2003, with etext numbers OVER #10000, are filed in a different way. The year of a release date is no longer part of the directory path. 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